13/06/2020

le demi dieu grec et romain tire sa révérence



Demain, réapprenons la poésie de la vie



Par un matin ensoleillé et enchanteur, molasse à demi somnolent, je contemple admiratif l'harmonie du tableau de la vie qui se fait jour...



L'âne braie au fond du versant montagneux, les oisillons nichés piaillent de leurs petites voix fluettes le premier envol du plus téméraire d'entre eux, le chat par une maligne appétence rôde de son pas de velours en prédateur aguerri, un léger vent caresse les bourgeons et jeunes pousses de la vigne sublimant la croissance de feuilles cristallines d'un vert chlorophyllien...



Derrière ma tasse de café chaude, la cigarette encore fumante je médite...

Je ne sais rien de mon lendemain. Dans le ventre mou du mois d'avril, en pleine prolongation du confinement, le temps semble se suspendre dans une parenthèse que la nature me retranscrit à merveille.



Sur la table est posée une petite cage désuète en fer blanc dont la porte entr’ouverte évoque l'évasure ancienne d'une liberté gagnée. A l'intérieur de la mésangette, une abeille pollinisée vaque librement dans sa douce plénitude. En bas, un immense romarin en fleur sest butiné par ses congénères. Le coquin petit jour se dévoile devant mes yeux ébahis, j'y vois une chorégraphie d'une infinie légèreté, où se combinent dans une aurore idéale poétique printanière inégalée la perfection et le sublime



Tout estomaqué par cette éphémérité envoûtante j'en viens à me trouver coupable de ne pas être à la hauteur de ce tout merveilleux que nous donne avec une inépuisable générosité Dame Nature. L'homme ne respecte ni la terre, ni la faune, ni la flore, ni les lois fondamentales qui régissent la vie sur terre...

Grand Corona ne fait rien d'autres que nous rappeler nos manquements répétés.



Je ne sais pas que demain, je marcherai en pleine montagne pendant six heures bravant l'interdit de la mairesse de Lieuche. Je ne sais rien des paysages majestueux qui vont se révéler à mes yeux, de leurs diversités surprenantes ; forêt, plaine, clairière, roche calcaire, ardoise.. Je ne sais rien des mille mètres de dénivelé qui m'attendent, de la dureté du terrain escarpé, de mes pieds meurtris, des courbatures du surlendemain. Je ne sais rien du plaisir d'être arrivé au bout de l'effort, de la bière réconfortante sur la terrasse dominant le jardin bucolique. Je ne sais rien de ce que vont penser les loups m'observant dans leurs environnement, des serpents tapis sous leur pierre, des ânes curieux, des iguanes immobiles, je ne sais rien...

Charlie Gacôgne, avril 2020



"La Rivière de Corail", 13 juin 2020, 23h59

Aucun commentaire :