06/02/2014

N2 : Stol vous narre son avant-dernier week-end

 Rueil Malmaison II -Canal Saint Martin 1-7


Un voyage dans la charmante bourgade de Rueil Malmaison était au menu de ce samedi. Cela pouvait être un match piège car ce club a aussi une équipe en top 12 donc ils étaient capables de tout. Tout d'abord les surprises d'avant match : le capitain Vince, alias notre maître à tous, nous avait pour l'occasion concocté une composition bien à lui et fait ressortir de son maquis l'ami Follacci. Nos lecteurs les plus assidus auront peut-être remarqué des allusions discrètes à un retour possible de notre camarade dans les précédents compte-rendus. Il venait compléter, avec moi-même, la charnière braconnage.
 La charnière braconnage, un mode de pensée au canal

Aux deux premiers échiquiers, les indéboulonnables Mike et Marc étaient eux aussi venu avec chacun une petite surprise : tel Nicolas Bedos, Marc avait décidé de laisser sa pilosité s'exprimer pendant les vacances et arborait fièrement une barbe de plusieurs jours. Mike quant à lui est arrivé équipé du dernier Closer et a été clair : « C'est le seul magazine qui fait encore du journalisme d'investigation  aujourd'hui !».
Le reste de l'équipe (Alban, Bruno, Marianne et Vincent) avait choisi, en guise de préparation, de faire un peu de tourisme : ils se sont retrouvés au bistrot devant la gare de Rueil pour un dernier discours galvanisant du capitaine.
Mais déjà le match démarrait et, nous étions agréablement surpris d'être favoris à l'élo. Rueil avait sans doutes décidé de garder ses forces pour le top 12. Sauf Vincent et Maxime, nous avions tous au moins 100 points élo d'avance !
C'est Marianne qui verse le premier sang, sa jeune adversaire était en effet débutante et il fut facile pour notre gladiatrice de tirer le meilleur parti de son expérience.
Bruno quand à lui affable et fidèle à lui-même laissait son opposant du jour se lancer dans une attaque à tout va et se défendait avec des coups simples et efficaces, nous étions confiants. De la même façon ma situation, positionnellement parlant, était déjà plus que satisfaisante. L'ami Alban lui aussi était dans ses œuvres positionnelles et nous le savions maître à ce petit jeu là. Au premier échiquier, Mike traitait la sicilienne de façon dynamique en envoyant h5, h4, hg3 ! Mais de son propre aveux c'était un peu superficiel et sa position n'était pas mirobolante. Maxime, à l'inverse, avait une position saine et asphyxiait lentement son adversaire. Marc prenait un avantage sérieux sur l'échiquier mais bon joueur, il prenait soin de se mettre mal au temps pour que son adversaire ait un peu d'espoir et les 15 coups de zeitnot s'annoncent pénibles pour notre blitzer préféré. Captain Vince était lui aussi dans une position bien resserrée comme il les affectionne.
Le jeu suivant son cours, tels des fruits mûrs, les points finirent par tomber, d'abord chez Bruno qui après avoir résisté aux assauts survoltés de son adversaire lui infligeait un retour de bâton féroce. On n'attaque pas à moitié avec El Salapedo ! Alban gagnait aussi tranquillement sa partie après une petite passe d'arme tactique. Puis vint mon tour, juste avant le zeitnot, je parvins à gagner une finale de tour avec un pion de plus, gain tout en technique.
 Maxime, récemment papa et venu du Tarn pour le canal

Le zeitnot approchant, il était temps de faire le bilan des courses : 4-0, il reste Mike, Marc, Vince et Max. Alors que son opposant oppose (quoi d'autre?) une résistance passive, Maxime décide de forcer le destin et dans un pur style romantique sacrifie une pièce sur le zeitnot de son adversaire. La chance ne lui sourira pas cette fois ci, son adversaire encaisse le matériel puis le point une fois le zeitnot passé. Vince avait entre temps perdu un pion sec en finale mais voyant notre maxime national en difficulté, décida de mettre les bouchées doubles et de trouver les « ressources cachées » de sa position, par un tour de magie que seuls les deux meilleurs joueurs du circuit peuvent imaginer,comprendre MC et lui même, Il finit par marquer le point décisif.
Il ne reste plus que nos deux locomotives : je vous rappelle que Michael n'était pas serein : pour tenir son pion noir en g3, il livrait à une guérilla sans merci et c'est après un enchaînement de 10 coups où ce pion assiégé était imprenable que son adversaire décida enfin de s'en emparer. Malheureusement, il n'était pas encore temps et Mike le punit comme il se doit.
Cerise sur le gâteau, Marc, après 15 coups parfaits en zeitnot, aggrava  la marque et c'est finalement un cinglant 7-1 que nous infligions à nos adversaires du jour. Le moral était au plus haut et la troisième mi-temps chez le capitaine renforça encore notre détermination.


Canal-Franconville 6-1


L'esprit embrumé et l'estomac plein de fromage, il était difficile d'arriver à l'heure pour le match, surtout que je suis toujours un peu stressé de ne pas trouver la salle quand on joue à domicile. Bref, toujours est-il que plusieurs surprises m'attendaient pour ce match. La première fut d'être accueilli par Bébé W. et son maté chocolat-orange qu'il distribuait généreusement dans toute la salle. Je connais peu de choses qui réveillent autant et c'est tout ragaillardi et avec envie d'en découdre après la partie positionnelle de la veille, que je m’engageais dans une attaque anglaise sur la sicilienne. Comme ni moi ni mon adversaire du jour ne connaissions la théorie, j'ai eu le temps pendant qu'il réfléchissait de regarder un peu les autres.
 Youssef, une recrue efficace
Au 1, Mike lui aussi ne semble pas sûr de la théorie dans une attaque Richter-Rauser qui est archi-analysée. On le voit se gratter la tête et passer des dizaines de minutes sur les premiers coups mais on était serein, même si il joue contre un maître international, c'est le genre de position où sa créativité peut faire la différence.
Marc est plus calme au 2 et il joue une défense resserrée où il reste assez de pièces pour trouver du jeu si les blancs sont trop ambitieux.
Au 4, Maxime est encore opposé à une Rossolimo, c'est simple, il a souvent formé la charnière braconnage à mes cotés et la plupart du temps avec les noirs. Et ses adversaires s'obstinent à lui jouer cette fameuse rossolimo. Il a déjà trouvé une réfutation avec 3... Ca5  mais las de prêcher la bonne parole, il décida de changer et de tenter de trouver une deuxième réfutation. Mal lui en pris, il retrouva assez vite dans une position assez étriquée et sans grandes perspectives même si il restait, il est vrai, solide.

 Le final de ma partie : je viens de jouer 38. Rb6 et après 38...a5, je choisi le chemin le plus simple en zeitnot 39.Te8-T7c5 40 bc5-Re8 41 c6 et le pion va à dame tout seul.
Au 5, Bruno fut comme hier le premier artisan de la victoire, avec les blancs, après un 0-0-0 rapide, il profita de la position ouverte et d'un roi noir encore au centre pour tout de suite mettre la pression sur son adversaire... qui s'embrouilla et perdit une pièce sur un joli coup tactique ! 1-0 : cela motive l'équipe surtout quand c'est avec la manière comme ici.
 Police-voleur : un jeu qui nous manque tous ?
Vincent rempilait avec les noirs et sa solidité légendaire ne lui fit pas défaut : quand je regardais sa position, je compris que c'était parti pour durer.
Et c'est au 7 que l'une des surprises que je vous avez annoncé m'attendait. En regardant l'échiquier, je ne parvenais pas à savoir qui était dans notre équipe. Alban avait été remplacé à la dernière minute par Youssef, ex-nouvelle tête dans le milieu des échecs parisiens. Au vu de sa position, il me semblait bien sympathique : avantage d'espace, pièce placée près du roi ennemi. L'impression qu'il va sacrifier à chaque coup est saisissante mais professionnel pour sa première sortie dans l'équipe fanion du canal st martin, il fit juste monter la pression en attendant que son adversaire craque.
Marianne au 8 était dans ses œuvres positionnelles et restait dans sa carapace en attendant que son adversaire s'affaiblisse.

Après ce tour d'horizon, je retournais sagement à ma place et me rendait compte que mon opposant du jour avait du se tromper car je pouvais récupérer la paire de fou sans réelle compensation. Le seul détail qui fâche est, que pour valoriser la dite paire de fou, il fallait jouer positionnel. J'écartai donc ma main du pion g qui me démangeait depuis quelques coups, me resservais une dose de maté, et après avoir verrouillé la position, acceptais crânement l’échange des dames. S'ensuivit une longue finale que je gagnais finalement après le contrôle du temps.
Mais j'oublie de vous parler de notre distraction du jour ! La salle d'à coté était occupée par ce qui semblait être une garderie pour enfants. Ils passaient leur après-midi à jouer à police et voleur ou à être des pirates et bien sûr les règles des jeux auxquels ils jouaient étaient expliquées à haute et intelligible voix. Les 16 joueurs d’échecs présents et Bébé W. se sentaient retourner en enfance et tout le monde souriait à chaque nouveau jeu.

Mais revenons au match, Youssef comme annoncé, réussi à faire plier son adversaire et à l'inverse Vincent ne parvint pas à prendre l'avantage et du se contenter du match nul. Marianne finit par prendre l'ascendant en finale.
Mike après une grosse prise de tête, réinventa la théorie et gagna une partie fantasque où toutes les pièces étaient en l'air. Son honorable adversaire a tout tenté pour déstabiliser notre guerrier mais visiblement ce n'était pas son jour. Une belle victoire avec style contre un titré. Qui sait ? Peut-être la norme n'est pas loin ! En mettant toutes ces victoires bout à bout, cela fait déjà 5-0 et il reste encore Marc et Max. Je n'ai pas pu voir les zeitnots, du fait du mien, mais toujours est-il que quand la fumée retombe Marc gagne une pièce en force. Des rumeurs disent qu'il était moins bien (de 2 pions) vers le 35é coup. Mais ne laissons pas les ragots se colporter : victoire pour Marc et 6-0 pour nous.
 Marc, heureux que sa barbe lui ai permis de faire 2/2 ce week-end !
Mais on oublierait presque Maxime qui se débattait sur 3 rangées pour ne pas sombrer. Son adversaire prit son temps, tourna autour du pot, une fois à droite une fois à gauche et finit par lui porter un coup dont il ne se remit pas. Dommage mais quelque-chose me dit que les prochains matchs se passeront mieux pour le joueur le plus bohème du canal.
Donc le score final est 6-1, le capitaine nous réprimanda que c'était un peu moins bien que la veille. Mais il souriait et commandait un deuxième Picon donc ce ne devait pas être si grave.

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