Radio Canal – CR de la ronde 3 de
Nationale 2
(avec le sponsor fédéral en
haut à droite, si c’est pas beau comme coïncidence…)
Pour une fois, on a fait les choses
bien. Personne en retard. Quand j’arrive (en dernier), même Alexandre le Grand
est là. Et le capitaine ne s’est pas trompé d’adresse cette fois. L’équipe est
assez classique, et on doit partir légèrement favoris même si plusieurs parties
s’annoncent serrées.
Le match débute tranquillement,
personne ne se livre vraiment et on ne s’attend pas à voir les premiers
résultats de si tôt. C’était sans compter sur Alexandre. Si mes souvenirs
d’enfance sont bons, ça part d’abord comme une attaque Traxler (ou Max Lange,
ou Max Dormoy, ou Max Havelaar ou…oh et
puis j’en sais rien), et puis rapidement ça part surtout en couille. Alexandre
a les noirs, et pourtant c’est lui qui envoie la sauce. La sauce qui tache. Le
roi blanc est dans les cordes en h1, et les noirs contrôlent la colonne g
semi-ouverte. Alors tout ça n’est pas gratuit, certes. Les blancs ont un gros
pion en f7 (roi noir en f8) et ont déjà doublé sur la colonne e. Déjà vous ne
comprenez plus rien à la position et moi non plus, puisque les deux camps
menacent de mater l’adversaire. Mais Alexandre en ce gris dimanche, c’est un
peu Drago dans Rocky 4. La machine soviétique. Lancé, impassible, scotché sur
son siège, il calcule précisément la mise à mort des blancs. Et après 2h de
jeu, le point est dans la poche. Et ça fait 2/2 pour Alexandre qui devient
notre buteur attitré.
Pendant ce temps, on commence à
sentir que le match ne va pas être une partie de plaisir. Au premier, Mike se
fait plaisir à placer idéalement toutes ses pièces dans une sicilienne, genre
« cause toujours tu m’intéresses ». Au 2, Manouk nous joue sa
spéciale, une moderne assez paisible pour les noirs, et vas-y que j’te gratte
une case noire par-ci, une paire de oufs par là. Au 3, j’ai une position
intéressante sur une ouverture que je joue pour la première fois. Je joue au
chat et à la souris, et me démène pour garder un maximum de matériel sur
l’échiquier afin de « faire le métier » dans le money time. Au 4,
Maxime nous a gratifié de son traitement tout à fait personnel de la sicilienne.
Disons pour faire simple qu’il a voulu placer tous les thèmes qui existent,
mais pas dans le bon ordre. Au 5, Pilou joue solide contre un système
hippopotame. Alban est au 7, et fait mumuse sur les cases blanches face à la
hollandaise Leningrad de son adversaire. Quant à Marianne, au 8, elle nous
montre l’étendue de sa classe dans un étau de maroczy (avec les noirs) face à
une adversaire à qui elle rend 200 points. Au bout de 2h, tout va donc pour le
mieux. C’est après que ça se corse.
N’en tenant plus face aux
contorsions des noirs, Pilou le boucher se dit qu’il est grand temps de dépecer
l’hippopotame. Sacrifice de pièce contre une tripotée de pions, et position
archi-dominante. La bête est chancelante, coupée en deux, mais la tête à l’aile
roi et la queue à l’aile dame gigotent encore. Difficile de croire que dans cet
état elle ne succombe pas, mais on a trop tendance à sous-estimer la rage de
vivre d’un hippo blessé. Ne voyant pas la possibilité de sacrifier de nouveau
du matériel, Pierre-Louis finit par s’embourber et doit déposer les armes. Coup
dur, on y croyait pourtant. 1 partout, balle au centre.
Pendant ce temps, ça commence à
se décanter. C’est simple, à peu près tout le monde est un peu moins bien.
Belle preuve de solidarité échiquéenne, mais à voir la tête du capitaine se
décomposer de plus en plus j’en déduis que c’est pas gagné. D’ailleurs c’est
même pas nulle, on est parti pour se faire bouffer tout crus. Heureusement,
personne n’est trop mal au temps, ce qui laisse envisager quelques
retournements de situation en zeit not.
A ce petit exercice, c’est Alban
qui s’en sort le mieux et fait prendre 10 ans à tout le monde en quelques
minutes. Dans une position tendue, son adversaire manque apparemment de porter
le coup fatal. Quand j’arrive devant la position, les noirs menacent quand même
mat en 2. Mince, Alban a paumé. Enfin il est obligé de donner la dame pour
parer le mat. Ah ?! Ben non en fait, après avoir donné la dame, les noirs
ne peuvent plus empêcher la promotion à l’aile dame. Personne ne saura jamais
si tout cela était prémédité, Alban dira qu’il avait tout calculé depuis le 4e
coup de la partie, mais on a un doute. En tout cas c’est Bilbo qui va être
content, son maître rapporte 1 point à la maison et nous permet de faire la
course en tête (Alban, pas Bilbo).
(Bilbo/Chouquette, le vrai
l’unique !)
Il reste néanmoins beaucoup de
parties, et tout n’est pas rose. Mike s’est gentiment fait retourner sans voir
venir et se dit qu’après tout, son roi serait mieux en b1 qu’en h2, alors
n’écoutant que son courage, en VO d’un film de guerre américain, il chausse ses
rangers et son casque à pointe et traverse le champ de bataille sous les
bombes. Manquait plus que du Carmina Burana en fond sonore et on se serait crus
à Okinawa. 2 tours adverses sur les colonnes e et d, un fou sur la grande
diagonale blanche et un gros cavalier en e4 n’y feront rien. Comme quoi, ça
n’arrive pas que dans les films. Bon l’affaire n’est pas réglée, mais quand
même, on recommence à y croire après le contrôle du temps.
Juste à côté, Manouk, dans un
moment d’égarement, a décrété que ça commençait à suffire de bien faire, et se
lance dans une attaque frontale à l’aile roi. Alors oui il n’a pas beaucoup de
pièces pour la mener à bien, mais qu’importe, ça fait gamberger l’adversaire
qui se retrouve contraint de prendre des mesures drastiques alors qu’on aurait
fini par croire que lui aussi ça l’amusait de jouer à Tetris sur 3 rangées. Les
blancs jouent un pseudo-sacrifice (faut pas déconner) et encaissent un pion.
Tout heureux de pouvoir sortir ses dernières pièces, Manouk passe le 40e
avec une position jouable, même s’il doit encore être précis. Mais on y croit,
ça va tenir.
Maxime, lui (aussi), souffre.
Mais le lutteur de la Beauce en a connu d’autres. Et puis comme il lui manquait
un morceau de dragon dans sa sicilienne catalogue, il décide de replacer son
fou e7 en g7 (y’a plus aucun pion à l’aile roi, mais qu’importe, on va pas
chipoter). Kamoulox ! Ayant enfin réussi son défi multi-thème, il se met
aux choses sérieuses et remonte progressivement la pente. Une partie à ne pas
montrer aux enfants.
Marianne, elle, continue son
bonhomme de chemin. Traitement parfait du maroczy, je garde le cavalier contre
le mauvais fou, structure noire nickel, transposition dans une finale de tour
avec la tour active et la meilleure structure, tout comme dans les livres.
Chapeau ! Une nulle rondement menée qui lance au mieux sa saison.
Après 4h de jeu, nous menons 2-1
et il reste 4 parties. Le mieux qu’on puisse espérer serait 3 nulles et une
victoire, mais bon… Ca serait trop beau.
De mon côté, l’équation est simple (de toute façon le
capitaine a décrété que je gagnerai, j’aurais dû le dire à mon adversaire on
aurait gagné du temps), il faut gagner car les 3 autres échiquiers sont
incertains. Lassé de mon manège tentant d’éviter les contacts, mon adversaire
me donne une qualité pour tenter de bloquer le jeu dans la finale. Il faut dire
qu’avec pratiquement tous ses pions, il y parvient presque. Et c’est parti pour
1h de tricotage et de conversion lente d’un petit avantage qui finira par
suffire, et la marque est portée à 3-1.
Presque au même instant, Manouk
finit par annuler sa finale. Pour un peu et il aurait presque joué pour le gain
après avoir couru après la nulle pendant toute la partie ! Restent 2
parties, mais le suspense sera de très courte durée. Michaël a réussi à
transposer dans une finale cavalier + 2 pions contre cavalier + pion. Facile,
il échange un pion et sacrifie son poney sur le dernier pion noir. Nulle !
Maxime nous gratifiera d’un dernier frisson malgré
l’assurance de notre victoire. Dans une finale en matériel très réduit et digne
d’une étude, les deux joueurs jouent uniquement avec l’incrément. On croit un
temps que Maxime peut gagner, mais son adversaire trouve les coups justes et la
partie se termine à Roi + cavalier contre Roi, comme celle de Mike !
Nous gagnons donc par 3-1, un
résultat qu’on n’aurait pas osé rêver pendant les 3 ou 4 premières heures du
match. Ca y est, c’est fait. Le Canal a enfin marqué la N2 de son
empreinte !
Pour fêter ça, le cap’taine a
convié l’équipe à une soirée raclette où l’alcool et le fromage coulèrent à
flot. En bon ambassadeur helvète, Manouk a écoulé une bonne partie des stocks
gargantuesques de fromage prévus par Vince. Paraît qu’il prenait même plus le
temps de le griller à la fin… Alexandre, en grande forme, parviendra à contenir
l’appétit de blitz d’un Pilou bien fatigué. Clément a pu mesurer la qualité de
l’hospitalité canaliste, et il n’aura pas perdu sa soirée puisqu’il a découvert
qu’on peut… commander un taxi par téléphone (eh ouais mais si personne vous le
dit, comment voulez-vous qu’on le sache ma bonne dame ?). Maxime a revu
non sans émotion « Côté viande », petit compagnon d’infortune qu’il avait
gentiment recueilli au bord de la route puis amoureusement dépecé avant d’en
faire un porte-bonheur qui nous accompagnera tout au long de la saison
(d’ailleurs on dira ce qu’on veut mais on est à 100% depuis qu’on l’a). Vince
aura vu progressivement sa réserve personnelle s’évaporer, mais gardera le
sourire jusqu’au bout, heureux de rendre heureux (et surtout soulagé d’avoir
obtenu sa première victoire à la tête de l’équipe). Quant à moi, arrivé après
la bataille, j’aurai juste eu le temps de récupérer assez de matériel pour ce 3e
CR de la saison.
On vous dit à la semaine prochaine, pour le CR du match
contre Créteil !
3 commentaires :
Bravo pour votre victoire ! Compte rendu festif et consistant, mais quelle température faisait-il dans la salle de jeu ?
Les photos ont ete prises chez le capitaine. Dans la salle de jeu une fenetre etait meme entr'ouverte, donc certains (dont moi) ont gardé leur manteau ou leur echarpe !
Le girondin
Le canapé est super confortable pour dormir ! Mais un peu sale....
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