19/11/2012

R3 : le Girondin nous conte la victoire de Canal 1 à Issy


Radio Canal – CR de la ronde 3 de Nationale 2

La voilà… On l’attend chaque année comme le beaujolais nouveau. On sait qu’elle va arriver, on ne sait juste pas exactement quand. Parfois on s’inquiète, on se dit que ce n’est pas normal qu’elle ne soit pas encore là. Mais rapidement on se rassure, car au fond de nous on sait que, malgré les intempéries, elle viendra. Et en ce jour saint du 17 novembre 2012, dans la chapelle d’Issy, elle nous est apparue. Longtemps elle s’est laissée désirer, et d’ailleurs on a bien cru qu’elle n’avait aucune intention de se livrer si vite. Mais après 6h d’efforts, elle était là : la première victoire de la saison.


(avec le sponsor fédéral en haut à droite, si c’est pas beau comme coïncidence…)

Pour une fois, on a fait les choses bien. Personne en retard. Quand j’arrive (en dernier), même Alexandre le Grand est là. Et le capitaine ne s’est pas trompé d’adresse cette fois. L’équipe est assez classique, et on doit partir légèrement favoris même si plusieurs parties s’annoncent serrées.

Le match débute tranquillement, personne ne se livre vraiment et on ne s’attend pas à voir les premiers résultats de si tôt. C’était sans compter sur Alexandre. Si mes souvenirs d’enfance sont bons, ça part d’abord comme une attaque Traxler (ou Max Lange, ou Max Dormoy, ou Max Havelaar  ou…oh et puis j’en sais rien), et puis rapidement ça part surtout en couille. Alexandre a les noirs, et pourtant c’est lui qui envoie la sauce. La sauce qui tache. Le roi blanc est dans les cordes en h1, et les noirs contrôlent la colonne g semi-ouverte. Alors tout ça n’est pas gratuit, certes. Les blancs ont un gros pion en f7 (roi noir en f8) et ont déjà doublé sur la colonne e. Déjà vous ne comprenez plus rien à la position et moi non plus, puisque les deux camps menacent de mater l’adversaire. Mais Alexandre en ce gris dimanche, c’est un peu Drago dans Rocky 4. La machine soviétique. Lancé, impassible, scotché sur son siège, il calcule précisément la mise à mort des blancs. Et après 2h de jeu, le point est dans la poche. Et ça fait 2/2 pour Alexandre qui devient notre buteur attitré.



Pendant ce temps, on commence à sentir que le match ne va pas être une partie de plaisir. Au premier, Mike se fait plaisir à placer idéalement toutes ses pièces dans une sicilienne, genre « cause toujours tu m’intéresses ». Au 2, Manouk nous joue sa spéciale, une moderne assez paisible pour les noirs, et vas-y que j’te gratte une case noire par-ci, une paire de oufs par là. Au 3, j’ai une position intéressante sur une ouverture que je joue pour la première fois. Je joue au chat et à la souris, et me démène pour garder un maximum de matériel sur l’échiquier afin de « faire le métier » dans le money time. Au 4, Maxime nous a gratifié de son traitement tout à fait personnel de la sicilienne. Disons pour faire simple qu’il a voulu placer tous les thèmes qui existent, mais pas dans le bon ordre. Au 5, Pilou joue solide contre un système hippopotame. Alban est au 7, et fait mumuse sur les cases blanches face à la hollandaise Leningrad de son adversaire. Quant à Marianne, au 8, elle nous montre l’étendue de sa classe dans un étau de maroczy (avec les noirs) face à une adversaire à qui elle rend 200 points. Au bout de 2h, tout va donc pour le mieux. C’est après que ça se corse.

N’en tenant plus face aux contorsions des noirs, Pilou le boucher se dit qu’il est grand temps de dépecer l’hippopotame. Sacrifice de pièce contre une tripotée de pions, et position archi-dominante. La bête est chancelante, coupée en deux, mais la tête à l’aile roi et la queue à l’aile dame gigotent encore. Difficile de croire que dans cet état elle ne succombe pas, mais on a trop tendance à sous-estimer la rage de vivre d’un hippo blessé. Ne voyant pas la possibilité de sacrifier de nouveau du matériel, Pierre-Louis finit par s’embourber et doit déposer les armes. Coup dur, on y croyait pourtant. 1 partout, balle au centre.


Pendant ce temps, ça commence à se décanter. C’est simple, à peu près tout le monde est un peu moins bien. Belle preuve de solidarité échiquéenne, mais à voir la tête du capitaine se décomposer de plus en plus j’en déduis que c’est pas gagné. D’ailleurs c’est même pas nulle, on est parti pour se faire bouffer tout crus. Heureusement, personne n’est trop mal au temps, ce qui laisse envisager quelques retournements de situation en zeit not.

A ce petit exercice, c’est Alban qui s’en sort le mieux et fait prendre 10 ans à tout le monde en quelques minutes. Dans une position tendue, son adversaire manque apparemment de porter le coup fatal. Quand j’arrive devant la position, les noirs menacent quand même mat en 2. Mince, Alban a paumé. Enfin il est obligé de donner la dame pour parer le mat. Ah ?! Ben non en fait, après avoir donné la dame, les noirs ne peuvent plus empêcher la promotion à l’aile dame. Personne ne saura jamais si tout cela était prémédité, Alban dira qu’il avait tout calculé depuis le 4e coup de la partie, mais on a un doute. En tout cas c’est Bilbo qui va être content, son maître rapporte 1 point à la maison et nous permet de faire la course en tête (Alban, pas Bilbo).


(Bilbo/Chouquette, le vrai l’unique !)

Il reste néanmoins beaucoup de parties, et tout n’est pas rose. Mike s’est gentiment fait retourner sans voir venir et se dit qu’après tout, son roi serait mieux en b1 qu’en h2, alors n’écoutant que son courage, en VO d’un film de guerre américain, il chausse ses rangers et son casque à pointe et traverse le champ de bataille sous les bombes. Manquait plus que du Carmina Burana en fond sonore et on se serait crus à Okinawa. 2 tours adverses sur les colonnes e et d, un fou sur la grande diagonale blanche et un gros cavalier en e4 n’y feront rien. Comme quoi, ça n’arrive pas que dans les films. Bon l’affaire n’est pas réglée, mais quand même, on recommence à y croire après le contrôle du temps.
Juste à côté, Manouk, dans un moment d’égarement, a décrété que ça commençait à suffire de bien faire, et se lance dans une attaque frontale à l’aile roi. Alors oui il n’a pas beaucoup de pièces pour la mener à bien, mais qu’importe, ça fait gamberger l’adversaire qui se retrouve contraint de prendre des mesures drastiques alors qu’on aurait fini par croire que lui aussi ça l’amusait de jouer à Tetris sur 3 rangées. Les blancs jouent un pseudo-sacrifice (faut pas déconner) et encaissent un pion. Tout heureux de pouvoir sortir ses dernières pièces, Manouk passe le 40e avec une position jouable, même s’il doit encore être précis. Mais on y croit, ça va tenir.


Maxime, lui (aussi), souffre. Mais le lutteur de la Beauce en a connu d’autres. Et puis comme il lui manquait un morceau de dragon dans sa sicilienne catalogue, il décide de replacer son fou e7 en g7 (y’a plus aucun pion à l’aile roi, mais qu’importe, on va pas chipoter). Kamoulox ! Ayant enfin réussi son défi multi-thème, il se met aux choses sérieuses et remonte progressivement la pente. Une partie à ne pas montrer aux enfants.



Marianne, elle, continue son bonhomme de chemin. Traitement parfait du maroczy, je garde le cavalier contre le mauvais fou, structure noire nickel, transposition dans une finale de tour avec la tour active et la meilleure structure, tout comme dans les livres. Chapeau ! Une nulle rondement menée qui lance au mieux sa saison.

Après 4h de jeu, nous menons 2-1 et il reste 4 parties. Le mieux qu’on puisse espérer serait 3 nulles et une victoire, mais bon… Ca serait trop beau.
De mon côté, l’équation est simple (de toute façon le capitaine a décrété que je gagnerai, j’aurais dû le dire à mon adversaire on aurait gagné du temps), il faut gagner car les 3 autres échiquiers sont incertains. Lassé de mon manège tentant d’éviter les contacts, mon adversaire me donne une qualité pour tenter de bloquer le jeu dans la finale. Il faut dire qu’avec pratiquement tous ses pions, il y parvient presque. Et c’est parti pour 1h de tricotage et de conversion lente d’un petit avantage qui finira par suffire, et la marque est portée à 3-1.

Presque au même instant, Manouk finit par annuler sa finale. Pour un peu et il aurait presque joué pour le gain après avoir couru après la nulle pendant toute la partie ! Restent 2 parties, mais le suspense sera de très courte durée. Michaël a réussi à transposer dans une finale cavalier + 2 pions contre cavalier + pion. Facile, il échange un pion et sacrifie son poney sur le dernier pion noir. Nulle !
Maxime nous gratifiera d’un dernier frisson malgré l’assurance de notre victoire. Dans une finale en matériel très réduit et digne d’une étude, les deux joueurs jouent uniquement avec l’incrément. On croit un temps que Maxime peut gagner, mais son adversaire trouve les coups justes et la partie se termine à Roi + cavalier contre Roi, comme celle de Mike !

Nous gagnons donc par 3-1, un résultat qu’on n’aurait pas osé rêver pendant les 3 ou 4 premières heures du match. Ca y est, c’est fait. Le Canal a enfin marqué la N2 de son empreinte !

Pour fêter ça, le cap’taine a convié l’équipe à une soirée raclette où l’alcool et le fromage coulèrent à flot. En bon ambassadeur helvète, Manouk a écoulé une bonne partie des stocks gargantuesques de fromage prévus par Vince. Paraît qu’il prenait même plus le temps de le griller à la fin… Alexandre, en grande forme, parviendra à contenir l’appétit de blitz d’un Pilou bien fatigué. Clément a pu mesurer la qualité de l’hospitalité canaliste, et il n’aura pas perdu sa soirée puisqu’il a découvert qu’on peut… commander un taxi par téléphone (eh ouais mais si personne vous le dit, comment voulez-vous qu’on le sache ma bonne dame ?). Maxime a revu non sans émotion « Côté viande », petit compagnon d’infortune qu’il avait gentiment recueilli au bord de la route puis amoureusement dépecé avant d’en faire un porte-bonheur qui nous accompagnera tout au long de la saison (d’ailleurs on dira ce qu’on veut mais on est à 100% depuis qu’on l’a). Vince aura vu progressivement sa réserve personnelle s’évaporer, mais gardera le sourire jusqu’au bout, heureux de rendre heureux (et surtout soulagé d’avoir obtenu sa première victoire à la tête de l’équipe). Quant à moi, arrivé après la bataille, j’aurai juste eu le temps de récupérer assez de matériel pour ce 3e CR de la saison.



On vous dit à la semaine prochaine, pour le CR du match contre Créteil !

3 commentaires :

Marc LEMERCURE a dit…

Bravo pour votre victoire ! Compte rendu festif et consistant, mais quelle température faisait-il dans la salle de jeu ?

Anonyme a dit…

Les photos ont ete prises chez le capitaine. Dans la salle de jeu une fenetre etait meme entr'ouverte, donc certains (dont moi) ont gardé leur manteau ou leur echarpe !

Le girondin

Anonyme a dit…

Le canapé est super confortable pour dormir ! Mais un peu sale....