Voilà, c'est fini. L'équipe 1 du Canal a croûté son
dernier pion, et termine en beauté cette première saison en N2.
Ils nous
avaient promis la guerre, ils ont connu l'enfer. Cap'tain Vince avait vu juste
avec ses versets sataniques et autres passages de l'apocalypse psalmodiés au
fil de multiples mails galvanisants adressés à sa fidèle armée. Les clichois
avaient pourtant savamment fait monter la sauce à coup de provocations rageuses
lors du passage de leurs capitaines (de N1 et N2) au club, et nous avons
d'abord cru que ce match s'annoncerait comme le clou du spectacle, le feu
d'artifice, la sous-promotion cavalier qui conclut le mat aidé en 9 coups.
Prudents et prêts à en découdre avec l'équipe surprise (oui je me plais à penser,
ainsi que toute l'équipe du Canal et la quasi-totalité des pousseurs de bois de
l'Ile-de-France, qu'ils ont indûment usurpé notre place de prétendant légitime
au renversement de l'hégémonie Limeillojéente (c'est dans le dico j'ai vérifié)
– je ferme la parenthèse et je continue) de cette poule Nord-Ouest, nous
alignions une de nos meilleures compos de la saison. Déjà qu'avec un Clichy 3 à
bloc on serait partis trèèèès largement favoris, imaginez avec un Clichy 3
amputé d'une bonne moitié de ses meilleurs éléments. Nos valeureux
malheureux adversaires du jour auront néanmoins eu le mérite de jouer leur
chance à fond, mais quand ça veut pas...
Alors comme c'est la dernière de la saison, il nous faut
bien sûr dresser le bilan de chacun. Je vous propose donc un petit résumé des
interviews d'après match, dans le paddock d'Indy...
Table 1 : Mike 1 - 0 Keller
Dans une française, Mike se fait surprendre par l'ordre de
coups adverse et se retrouve contraint de pêcher en eaux troubles aux alentours
du 10e coup. Il sacrifie un pion et bloque le fort centre noir avec ses
puissants poneys de trait. D'ailleurs visuellement, on dirait que c'est lui qui
a le pion de plus, et l'attaque blanche semble surpuissante. Le décollage du
pion f scellera rapidement le sort des noirs. f4-f5-f6-f7-(petite pause
publicitaire)-Dg6-Dg8 mat. Vous allez rire, mais à un moment j'ai cru que Mike
était mal dans l'ouverture. Oui je comprends rarement ce qui se passe dans ses
parties, mais souvent il gagne alors on lui pardonne ses errements conceptuels.
Radio Canal : Mike, bravo pour cette saison. C'était
mal parti et le cap'tain a failli te mettre à la porte après 3 rondes, mais on
se félicite de t'avoir conservé dans l'effectif.
Mike : Oui j'ai bien vu cette hostilité parisienne
envers le seul marseillais de l'équipe, mais quand j'ai vu tous ces clubs
franciliens qu'on devait rencontrer, ça m'a rappelé ma haine viscérale pour le
PSeuG et j'ai décidé de tout défoncer sans penser aux conséquences. Pour
l'honneur. Pour l'OM. Tacles les pieds décollés, attaques de sauvage. Di Meco
style.
RC : Quelle fougue ! Mais malgré cela tu restes
un élément insaisissable au sein de cette équipe. Alors pour que les auditeurs
te connaissent mieux, je te propose une petite interview.
RC : 3 mots pour te définir ?
Mike : Tchigo, Anigo, Puro
Joueur préféré ?
Mike : Tchigorine bien sûr. Et Morozevitch. Quand il
joue la tchigo.
RC : Ta devise échiquéenne ?
Mike : Le jeu avant tout. Et jouer la Tchigo. Je
travaille la Tchigo sur e4 mais ça marche moins bien, parfois ça me rend dingue
alors je regarde la finale de 93 en boucle. Ça m'apaise.
Table 2 : Marcus ½ – ½ Mat la menace
J'avais bien fait de ne pas préparer grand-chose pour ce
match. Je m'attendais à tout sauf à
jouer le cap'taine adverse. Après avoir tourné autour du pot pendant quelques
coups, on transpose dans une variante pépère de l'est-indienne. Avec e3, mon
adversaire indique clairement la couleur. On va s'ennuyer ferme. On échange
quelques pièces, et le premier instant clé arrive. Dans une position qui aurait
endormi Mike depuis longtemps, les noirs poussent h6 et proposent d'entrer dans
les complications après C*f7. La bête cautionne ce coup pour les blancs, mais
Mat la menace recule. Victoire psychologique. J'ai l'impression de lentement
prendre le contrôle de la position mais le contrôle de temps approche. Je
prends soin de me mettre minable à la pendule au moment où les blancs trouvent
un contre-jeu puissant avec leur gros pion passé. On transpose en finale de cavaliers
gagnante pour moi. Enfin je crois. En fait non. Je tente quelques péripéties,
mais finis par partager le point. Je fais confiance à mon adversaire pour
savoir annuler avec Roi contre Roi et Cavalier. J'aurais ptet du la jouer…
RC : Marcus, tu avais pour habitude d'avoir chaque
saison au Canal un pourcentage de réussite à faire palir un dictateur africain
lors des élections présidentielles. Quel effet ça fait d'avoir tout juste la
moyenne ?
Marcus : C'est de la faute de mes adversaires. Soit
ils intervertissaient leurs compos d'équipe et faisaient foirer ma prépa, soit
ils rentraient dans ma prépa et gagnaient quand même.
RC : Qu'est-ce qui a pêché le plus dans ton
jeu ?
Marcus : Probablement ma gestion du temps. Je
répartis mal mes 5 min de réflexions entre le 12e et le 40e coup. Peut-être que
je devrais me conserver au minimum 1 minute pour les 10 derniers coups.
Pourtant à l'entraînement au Canal je travaille ma rapidité de lever de coude
très régulièrement.
RC : Ta devise échiquéenne ?
Marcus : Autant mourir le ventre plein.
RC : Ton geste sportif de la saison ?
Marcus : J'hésite. J'ai gagné une partie au temps
contre un papy au marathon de Saverne dans une position raide morte parce que
mon adversaire avait oublié d'appuyer sur la pendule et que je mimais une
intense réflexion. D'un autre côté, j'ai réclamé le gain d'une partie contre un
MI au rapide de Lutèce avec seulement un fou contre un fou (de couleur opposée)
et 2 pions, parce qu'il est tombé et qu'il me restait 2 secondes et une
position de mat aidé possible. Choix cornélien.
Table 3 : Manouk 1 - 0 Juliette
Juliette, on te prie de nous excuser. On lui a dit
d'arrêter mais il n'en fait qu'à sa tête. Mais qu'est-ce qu'on peut dire, après
tout il gagne tout le temps avec ce truc. Ça défie les lois de la physique. La
spéciale a encore frappé. Enfin plutôt légèrement poussé... L'espace de
quelques coups, on a bien cru que Manouk allait envoyer la purée. Les pièces
rivées sur le roque noir, il était difficile de se retenir de lâcher du matos.
Il l'a pourtant fait, ne devant par la suite son salut à l'aile dame qu'à un
piège machiavélique lui faisant gagner une pièce en fin de variante. Malgré
cela il lui faudra batailler ferme en finale avec 2C + 3 pions contre F + 4
pions. Peu importe, l'exilé fiscal de l'équipe l'emporte après 5 heures de
lutte.
RC : Manouk, satisfait de ta saison ?
Manouk : A part ma caisse réglementaire face à Limeil
(il est scientifiquement prouvé qu'on doit se prendre une fessée par saison en
jouant la moderne), j'ai plutôt bien perfé et je prends beaucoup de plaisir à
maintenir numéro 4 à son rang sans pour autant le semer au classement.
RC : Quand même, 137 coups par partie en moyenne pour
7h15 de jeu, tu gardes ta motivation d'antan ? Sans compter le courroux de
tes partenaires forcés de s'infliger ce spectacle à chaque ronde.
Manouk : Mais je vis pour ça l'ami. De la même
manière que je ne suis le cinéma que pour démonter les opinions préconçues de
mes interlocuteurs, je prends mon pied en prolongeant la souffrance d'autrui.
Ça a commencé tout petit, je plumais régulièrement les canaris de ma
grand-mère, et puis ça a pris de l'ampleur avec les pièges à loup sur le
terrain de foot municipal, les laxatifs dans les pichets à la cantine...
Aujourd'hui je me suis assagi, mais j'aime à l'occasion infliger une bonne
torture morale à mes adversaires.
RC : C'est tout à fait singulier comme passion en
effet. Et ta devise échiquéenne ?
Manouk : Plus c'est long plus c'est bon
Table 4 : Mehdi 0 - 1 Leeee Stahl
Aaaaah, la lame alsacienne. Voilà un recrutement bien
senti. Comment résumer cette saison sans évoquer le vent de fraîcheur apporté
par Pilou et Le Stahl ? Voilà un amateur de beau jeu, d'attaque, empreint
d'optimisme et d'une dose d'inconscience face au danger. Un mini-Mike, la
sagesse en moins et l'accent en plus. Et dimanche, le dragon était de sortie.
Ça débite, ça débite, à savoir qui aura la plus longue (variante). Alors que
les noirs s'apprêtent à digérer tous les pions blancs sacrifiés, l'adversaire
du Stahl trouve les ultimes sacrifices permettant de percer la cuirasse noire.
Las, ils manqueront le coche et laisseront filer le demi-point et le point.
Incroyable, mais quand on lui fait observer que son dragon a pris l'eau, le
Stahl ne manque pas de rappeler que la chance fait aussi partie du jeu.
Imparable.
RC : Clément, tu es conscient que ta saison a été du
grand n'importe quoi ?
Le Stahl (avec l'accent) : Wooooo j'sais pas
là... Je gère, je gère. Bon j'avoue que contre Orléans j'ai un peu craqué mon
slip en donnant une tour avant de me faire mater en 16 coups, mais souviens-toi
de ma victoire sublime face à Créteil ! C'est çaaaa les échecs mec !
RC : OK, j'avoue que tu nous as parfois éblouis.
Allez, lâche nous ta devise !
Le Stahl : Ohpopop, pas trop vite là, un p'tit Picon
et après on voit !
RC : OK on va garder ça. Des objectifs pour la saison
prochaine ?
Le Stahl : L'an prochain j'balance tout mec !
Cette année j'ai été sage, nouvelle équipe, nouvelle division... Maintenant que
j'ai pris mes marques ça va envoyer du bois !
Table 5 : Max 1 - 0 Thomas Chokbengboun (pas pu
résister, j’adore ce nom)
Ouf. Enfin ça se termine. Le
lion de la Beauce en aura vu de toutes les couleurs cette année. Finies les
rossolimo, les finales intenables perdues au bout du suspens, le lion respire
ce soir. La dernière aura été la bonne, Max nous ramène un bon point. Original
dans sa réalisation, mais comment aurait-il pu en être autrement de la part du
seul véritable joueur romantique de l’équipe. Il n’est jamais aussi à l’aise
que dans ses schémas improbables, oscillant entre l’équilibre instable et le
franchement bancal (je vous laisse saisir la nuance). Aujourd’hui, il a
courageusement grignoté les pions et l’espace à l’aile dame tout en contenant
l’offensive noire sur son roque. Transposition en finale et gain technique,
comme s’il voulait nous dire que lui aussi sait jouer aux échecs normalement
quand il faut. On l’aurait presque oublié.
RC : Max, comment
explique-tu tes résultats de cette année ?
Max : Ooof, je crois
que j’ai pêché par manque de créativité. J’ai trop voulu suivre la théorie mais
ce n’est définitivement pas pour moi. L’an prochain c’est promis, mes parties
ne ressembleront absolument plus à rien.
RC : Considères-tu que
jouer 1.a3 relève de la théorie ? Et qu’il suffit de répondre c5 à e4 pour
que la partie ressemble automatiquement à une sicilienne même en jouant
n’importe quoi derrière ?
Max : Mais tu exagères,
j’ai même joué 1.c4 une fois. Mon adversaire a été tellement surpris que j’ai
pris 1h30 d’avance à la pendule d’emblée.
RC : Ta plus belle
partie de la saison ?
Max : Aaah sûrement
celle contre Rouen. J’ai saccagé l’ouverture avec brio, dans la plus pure
tradition corse. J’ai abandonné le centre, la paire de fous, un ou deux pions,
et je me suis réfugié dans le maquis. Ensuite j’ai rassemblé les forces
indépendantistes aux 4 coins de ma position éparpillée, et la résistance s’est
organisée en mode guerilla. Un pion, 2 pions… Jusqu’à l’embuscade finale. Et
hop, un poney corse dans la besace. Certes je partais de tellement loin, je
n’ai pas réussi à convertir. Mais une bonne nulle contre un très fort
adversaire.
RC : Et enfin ta devise
échiquéenne ?
Max : A quoi ça sert de
faire simple quand on peut faire compliqué.
Table
6 : Pilou 1 - 0 Gabriel
2e recrue de
choix au Canal, le golden boy forme la paire alsacienne avec le Stahl. Toujours
droit dans ses bottes, Hubert Bonisseur de Brolly fleure bon le gentleman
français des années 60. Jouant avec panache et avide de bons mots, il nous
régale de ses citations et de ses attaques sans concessions. Dimanche n’a pas
échappé à la règle. Bien que partant favori de son match, il choisit une
variante aigue, fidèle à son style. Dans un Benko un peu back-door, il parvient
à regrouper ses pièces harmonieusement et à pilonner le fantassin e4 avec sa
dame en a8 et son fou en b7. Habile. La technique fera le reste. Un gain
propre, net et sans bavure qui aurait plu au Général de Gaulle.
RC : Pilou, comment
décrirais-tu ta saison et ton joli score en N2 et en coupe de France ?
Pilou : Je n’ai fait
que mon devoir. J’aime à penser que l’amour de la nation guide mes pas en
chaque instant, mais je dois admettre qu’il est aisé d’être performant quand
les bons coups vous semblent naturels.
RC : Tout de même, cet
instinct de tueur… Cette capacité à harceler sans relâche un adversaire qui ne
demande que la clémence dès les premiers assauts, et à porter le coup de grâce
avec tant de fougue ? Que réponds-tu à tes détracteurs, qui revendiquent
de faire l’amour, pas la guerre ?
Pilou : Non mais l’un
n’empêche pas l’autre, j’ai toujours fait les deux et jusqu’à présent je n’ai
jamais eu aucune plainte !
RC : Pour finir, ta
devise échiquéenne ?
Pilou : J’aime me
battre
Table
7 : Saik 0 – 1 Alexandre le Grand
En voilà un qui a bien
mérité son surnom. Drago, Alexandre le Grand, Terminator… Appelez-le comme bon
vous semble. Alexandre, c’est la précision au service de l’efficacité. Pas un
mouvement de travers, pas une perte de temps. Il prend son adversaire à la
gorge à la première occasion et ne finit de se développer que si par malheur il
n’a pas déjà maté son adversaire au milieu de l’échiquier. Adepte des
ouvertures du début du siècle, Alexandre aura marqué un grand nombre de points
sans dépasser le 30e coup, parfois même sans dépasser le 20e.
Cette dernière ronde de N2 n’a pas fait exception. Il faut dire que quand on ne
maîtrise pas le gambit Evans, il vaut mieux ne pas être apparié contre lui. A
peine 15 coups et déjà une pièce de plus. Le temps de se regrouper et la
transformation en un point entier était pliée. Si on se maintient
tranquillement cette année, on lui doit beaucoup. Merci m’sieur !
RC : Alexandre, dans
quelle conditions as-tu appris le jeu, et qu’est-ce qui t’as donné ce style
inimitable ?
Alexandre : Vous
saveeez, en ULSS, conditions tlès dules, beaucoup tlavail, cultule léussite…
RC : Alexandre, n’en
rajoute pas. Je te rappelle que le mur de Berlin était déjà tombé quand tu es
né.
Alexandre : Ouais c’est
vrai. Bon en fait c’est surtout en mettant de grosses mines en blitz à Giri que
j’ai progressé. Je sentais qu’il en avait sous la pédale mais j’ai tenu à lui
apprendre le respect et ça m’a forcé à avoir une préparation très aigue dans
les ouvertures.
RC : Mais dis-nous, il
y a forcément un truc. Comment te prépares-tu, d’où te vient cette
inspiration ?
Alexandre : Allez
j’avoue. Oui il y a un truc. En fait, à chaque début de partie, je tire un dé.
Et je sacrifie autant de matériel que de points sur le dé. Cette année je n’ai
jamais fait plus que 3, donc un cavalier ou un fou ça passe presque inaperçu.
L’an prochain j’espère faire plus de 5, de 6… Là on atteint vraiment le point
de non-retour. La limite entre la partie de 1200 et l’immortelle qui marquera l’esprit
du club à jamais.
RC : Et ta devise
échiquéenne ?
Alexandre :
L’adversaire ne peut prendre qu’une pièce à la fois, alors autant tout mettre
en l’air.
Table
8 : Tregoubov (Maxime, hein) ½ - ½ Marianne
Elle a d’abord cru à un poisson
d’avril, mais non. Passée la surprise du nom de son adversaire, Marianne
partait confiante. 500 points élos d’écart, généralement, ça ne pardonne pas.
Elle joue d’ailleurs une Gruenfeld, pas réputée pour être une ouverture
tranquille, ce qui devrait lui donner l’avantage dans les complications. Et
puis non. Les blancs jouent une ligne tranquille, les noirs ne maintiennent pas
la tension au centre, et voilà que tout s’aplanit totalement. La finale de fous
de couleur opposée n’arrange rien, et Marianne aura beau tenter (un peu) de
déséquilibrer le jeu tout en gardant les quelques pièces restantes, rien n’y
fera. Une nulle qui la déçoit un peu, mais qui ne doit pas faire oublier sa
très belle saison. Beaucoup de nulles, mais la plupart du temps contre des
adversaires plus fort(e)s. Une préparation remarquable dans les ouvertures,
parfois contre-balancée par un manque de prise de risque dans les moments
critiques. Tout est là pour une belle progression dans les quelques années à
venir !
RC : Marianne, première
saison pour toi en N2, comment l’as-tu vécue ? Combien de points ?
Marianne : Ca s’est
très bien passé, la concurrence était plus rude que l’an dernier forcément,
mais j’ai bien tenu. Pour mon nombre de points, il y a une règle très simple.
Tu prends le nombre de parties jouées et tu divises par deux.
RC : Et jouer avec tous
ces mecs, ça n’est pas lassant à la fin ?
Marianne : Tu sais
parfois, quand je vois les parties de certains de mes partenaires, je me dis
que la gonzesse n’est pas forcément celle qu’on croit… Je ne donnerai pas de
noms, mais le nombre de points qu’on a perdu sur la philidor cette saison c’est
indécent.
RC : Cela te
dérange-t-il de jouer au dernier échiquier ?
Marianne : Non pas
vraiment. Mais vu que j’arrive à annuler contre n’importe qui, je pense que le
capitaine pourrait me mettre en bloqueur au 2 ou au 3. Je pense que j’y
arriverais au moins aussi bien que le Collector puisque lui aussi fait 50%
cette année.
Enfin, il ne saurait y avoir
d’analyse de la saison écoulée sans une petite interview d’Alban et de
PalpaVince, pierres angulaires (et bien lisses pour certains) de cette équipe
de choc.
Alban fut notre stoppeur
cette année. Il a sauvé quelques poubelles, et marqué des points précieux dans
les matchs clés. Bref, il a répondu présent quand on avait besoin de lui, et a
su se faire accepter malgré ses différences (il fait partie des 7 membres
encore en activité du club de supporters du FC Nantes) et ses handicaps (il
aime se faire maltraiter sur sa philidor et joue n’importe quoi sur la
hollandaise). A noter qu’il a aussi arbitré le dernier match de la saison, bien
qu’il n’ait même pas eu à tricher pour nous faire gagner, chose qu’il aurait
bien entendu fait sans aucun scrupule puisque, je vous le rappelle, on jouait
contre Clichy.
RC : Alban, belle
saison pour toi. Quel est ton meilleur souvenir ?
Alban : Je crois que
j’en ai deux. Deux sacrifices de dame. Un premier non prémédité et qui aurait
pu me coûter cher face à Issy. Je crois que c’est à partir de ce moment-là que
mes partenaires ont commencé à hésiter à me comparer à un dingue ou à un génie.
Puis, ensuite, j’ai digéré sans coup férir la dame de mon adverse brévannois.
1,5/2 contre une moyenne autour de 2150, ce qui donne une perf que j’estime
modestement encore un peu en-dessous de mon niveau réel.
RC : Tant d’humilité
t’honore mon cher Alban. Et tant que j’y pense, comment va Bilbo ?
Alban : Bilbo va bien.
Il se remet peu à peu de la vision d’horreur quand il a vu Côté Viande sur le
blog du Canal. L’an prochain il propose de venir galoper dans la salle de jeu
afin de galvaniser les troupes. Va falloir penser à apporter du foin. On
demandera aux bouseux de province de nous en apporter.
RC : La classe. Comme
pour chacun, je peux te demander ta devise échiquéenne ?
Alban : D’abord je sers
les fesses, après je presse les couilles de mon adversaire. Imparable.
On ne pouvait clôturer cette
série d’interview sans lui. PalpaVince, auto-proclamé leader suprême de
l’équipe 1, nous livre ici ses impressions sur la saison 2012-2013.
Tantôt Capitaine, tantôt
Capitaine-joueur, tantôt chauffeur de caisse, tantôt chauffeur de salle… Cette
année Cap’tain Vince était au four et au moulin. L’an dernier il avait été une
des fourmis ouvrières ayant permis la montée sans contestation de l’équipe
en N2, cette année il aura su s’effacer pour laisser la place à la jeune
garde de l’équipe, un peu par humanité, un peu par lassitude. Sage décision,
puisqu’après un départ catastrophique, l’équipe est lentement remontée dans le
classement, terminant à une honnête 5e place.
RC : Bonjour Empereur
Vincius D6cius, ou peut-être préfères-tu leader suprême ?
Vince : Tant que je
représente une haute figure du despotisme sanguinaire mais éclairé, je tolère
la comparaison.
RC : Monsieur est trop
bon. Comment analyses-tu la saison ?
Vince : Je m’attribue
environ 80% du succès de l’équipe. Je n’oublie certes pas les joueurs, (petit
rappel, environ 10 joueurs sur la saison, soit 2% pour chacun), mais je tiens à
rappeler mon rôle prépondérant dans ce maintien au sein de l’élite. Mes
compositions d’équipe brillantes (face à Limeil ou à Rouen), mon humour et mon
aura ont permis à chacun de se transcender. L’histoire ne retenant que la
version des vainqueurs, j’ai déjà entrepris d’effacer les appariements des
premières rondes, qui comptent autant de défaite d’équipe que de ma part.
RC : Une belle preuve
d’honnêteté du capitaine. Et comment juges-tu la performance de chacun ?
Cap’tain Vince
America : Globalement, j’ai trouvé qu’ils ont joué comme des patates.
Hormis quelques fulgurances qui ont pu exercer un léger ombrage sur la
suprématie de mon niveau de jeu personnel, il faut admettre que j’ai dû prendre
10 ans durant cette année de capitanat. Entre ceux qui ne comprennent pas qu’il
faut développer les pièces dans l’ouverture et ceux qui gèrent leur temps en
partie longue comme les Qataris gèrent leur argent sur les Champs Elysées, pas
un ne mérite ma considération. Ceci étant, il faut bien se rendre à l’évidence,
ils se sont maintenus. Par une mystérieuse alchimie, ce magma échiquéen informe
a accouché d’une équipe exceptionnelle qui m’a fait vivre ma plus belle saison.
Mieux que mon accession au trône, plus fort que mes 99% de réussite au premier
échiquier en N4 dans mon club formateur, mon équipe de bras cassés, on a quand
même passé des moments extraordinaires cette saison.
RC : En gros vous
grognez mais vous êtes content ?
Cap’tain Vince : Non.
Un bon despote n’est jamais satisfait. Donc je continuerai de les insulter et
de réécrire ma version de l’histoire. Et cette conversation n’a jamais eu lieu.
Un dernier merci à nos
camarades qui nous ont prêté main forte tout au long de la saison :
Nahid aka Roger Rabbit,
Jack Sparrow, Cuir et Martinet (alias le mec qui pollue une photo sur 2 dans le
CR), Bruno d’Agen.
2 commentaires :
C'est faux je ne suis que sur 4 photos sur 11, mais c'est un pourcentage fort honnête, à la hauteur de mon indispensable (et fort chiante je n'en disconviens pas) présence.
Il manque la devise de Vincent qui est si je ne m'abuse: j'ai dépensé une bonne partie de mon argent dans l'alcool, la bière, le vin, le picon, la bonne bouffe et le fromage. Le reste je l'ai foutu en l'air.
4 photos sur 11, ce qui fait moins de 50%, plutôt dans les 36% ce qui correspond au quota de mon indispensable et, je n'en disconviens pas, assez chiante présence. Il faut un mec qui à la fois ne boive pas et ne sache pas conduire.
Sinon Vincent me souffle que sa devise est: I spent a lot of money on booze, birds and fast cars (quoique...), the rest I just squandered.
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