Demain, réapprenons la poésie de la vie
Par un matin ensoleillé et enchanteur, molasse à demi
somnolent, je contemple admiratif l'harmonie du tableau de la vie qui se fait
jour...
L'âne braie au fond du versant montagneux, les oisillons
nichés piaillent de leurs petites voix fluettes le premier envol du plus téméraire
d'entre eux, le chat par une maligne appétence rôde de son pas de velours en prédateur
aguerri, un léger vent caresse les bourgeons et jeunes pousses de la vigne
sublimant la croissance de feuilles cristallines d'un vert chlorophyllien...
Derrière ma tasse de café chaude, la cigarette encore
fumante je médite...
Je ne sais rien de mon lendemain. Dans le ventre mou du mois
d'avril, en pleine prolongation du confinement, le temps semble se suspendre
dans une parenthèse que la nature me retranscrit à merveille.
Sur la table est posée une petite cage désuète en fer blanc
dont la porte entr’ouverte évoque l'évasure ancienne d'une liberté gagnée. A
l'intérieur de la mésangette, une abeille pollinisée vaque librement dans sa
douce plénitude. En bas, un immense romarin en fleur sest butiné par ses congénères.
Le coquin petit jour se dévoile devant mes yeux ébahis, j'y vois une chorégraphie
d'une infinie légèreté, où se combinent dans une aurore idéale poétique
printanière inégalée la perfection et le sublime
Tout estomaqué par cette éphémérité envoûtante j'en viens à me
trouver coupable de ne pas être à la hauteur de ce tout merveilleux que nous
donne avec une inépuisable générosité Dame Nature. L'homme ne respecte ni la
terre, ni la faune, ni la flore, ni les lois fondamentales qui régissent la vie
sur terre...
Grand Corona ne fait rien d'autres que nous rappeler nos
manquements répétés.
Je ne sais pas que demain, je marcherai en pleine montagne
pendant six heures bravant l'interdit de la mairesse de Lieuche. Je ne sais
rien des paysages majestueux qui vont se révéler à mes yeux, de leurs diversités
surprenantes ; forêt, plaine, clairière, roche calcaire, ardoise.. Je ne sais
rien des mille mètres de dénivelé qui m'attendent, de la dureté du terrain
escarpé, de mes pieds meurtris, des courbatures du surlendemain. Je ne sais
rien du plaisir d'être arrivé au bout de l'effort, de la bière réconfortante
sur la terrasse dominant le jardin bucolique. Je ne sais rien de ce que vont
penser les loups m'observant dans leurs environnement, des serpents tapis sous
leur pierre, des ânes curieux, des iguanes immobiles, je ne sais rien...
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