28/10/2014

La Croisière s'amuse

La croisade du Canal en terre alsacienne
            Pour ce tout premier déplacement en nationale 1, la fine fleur de la chevalerie canaliste avait répondu présente. Venue des quatre coins du royaume, elle s'apprêtait à partir pour une longue croisade qui devait durer une année entière afin de conserver le graal obtenu de haute lutte l'an dernier. L'équipée ne comptait pas huit mais bien douze joueurs tous plus " fortiches " les uns que les autres

Les douze apôtres du beau jeu

            Vince, le capitaine, qui en fin stratège avait décidé de ne pas prendre part aux hostilités pour mieux manoeuvrer l'ennemi,
            Mike, acceptant d'interrompre pour quelques jours sa révolution scientifique copernicienne pour pousser du bois,
            Manouk, venu d'Helvétie pour prêter main forte à l'équipe,
            Marc, fin connaisseur des saintes écritures jusqu'au quarante-huitième coup,
            Bébé Ti'Bo, tête de pont de la charnière alsacienne qui suit.
            Stol, la Lame alsacienne, récent pourfendeur du plus célèbre des radjas indiens
            Pilou, revenu de la perfide Albion pour écrire son traité "Trading exotique et morale protestante, une approche backdoor du commerce",
            Vruno, érudit en culture espagnole que Pilou sollicita à maintes reprises (peut-être pour faire partager prochainement ses brillants écrits au royaume de Castille),
            Bébé Youssef, qui n'a pas attendu sa naturalisation pour être adoubé à la table ronde,
            Maxime, arrivé en brandissant fièrement un pot de pâté fait-maison pour prôner la bonne parole jusque dans les sandwitches,
            Marianne, la féminine de l'équipe, la seule à arborer un polo rose parmi cette foule ivre de mots finissant par "ouze", de blagues sauce vin blanc, d'analyses de sous-sous-variantes pointues ou encore de sacrifices douteux et donc parfaitement justifiés.

            Ce sont donc deux charrettes pleines à craquer qui se sont élancées de Paris pour emprunter les voies rapides en direction de l'orient. Arrivés à l'heure à l'hôtel Mercure de Mulhouse, les douze apôtres commencèrent leur mission d'évangélisation avec ferveur.

            Le début de la ronde contre Mulhouse se présente bien. Au premier échiquier Mike joue avec les blancs face à Patrice LERCH, récemment titré. Au troisième, Marc obtient rapidement une position dominante face à Quentin BURRI, preuve que les saintes écritures de ses nombreux ouvrages de théorie lui servent à punir les hérétiques.
Mais l'action vient, comme souvent, de la charnière alsacienne élargie, bien décidée à briller à domicile. Bébé Ti'bo, opposé avec les noirs à Cécile HAUSSERNOT, sacrifie une pièce pour deux pions et le roque adverse. Stol opte lui pour une française b4 bien incertaine qui laisse pantois les observateurs même si "on sait jamais, ça reste Stol". Pilou lui sacrifie également b4 dans une ... sicilienne. Louchant dangereusement sur la case h7, on le sent très tenté pas une grosse attaque qui justifierait le matériel perdu. L'heure semblait au miracle ...

" Dès l'ouverture, le pion b sur la quatrième tu sacrifieras. "

Le chemin de croix
            La valse des polos du Canal (huit joueurs et pas moins de quatre observateurs dans la salle) s'intensifie à mesure que les positions se détériorent. Entré dans une Philidor, Manouk rend les armes en premier, suivi de près par Marcus qui après avoir laissé échappé l'avantage a dû se résoudre à ranger pratiquement toutes ses pièces actives sur sa première rangée, ce qui même pour "la Serrure" que je suis n'augurait rien de bon. Marianne, après avoir souffert dans l'ouverture, se retrouve avec une bonne position face à son adversaire à qui elle rend quelques centaines de points élo. En zeitnot, alors qu'elle avait plus de temps que son adversaire, la pendule se déglingue et Marianne finit par perdre le fil. Un signe du destin, les dieux auraient-ils abandonné le Canal ?

C'était sans compter sur Mike, auteur d'une très bonne partie, qui sur une sicilienne profite que son adversaire n'échange pas les cavaliers en d4 pour planter le sien en f5. Sacrifiant un pion par la suite, il continue à se fier à son sens de l'attaque. Les noirs, sans réponse convaincante à des menaces de promotion du point h malgré le matériel sur l'échiquier, doivent rendre les armes. 

Les noirs viennent de jouer 9 ... Tc8, Mike en profite pour lancer son poney de l'apocalypse en f5.

Vruno marque à son tour le point avec les noirs, après avoir joué une formation d5-e6-c6 ultra-solide il sort quelques pointes tactiques puissantes et retourne patiemment son adversaire dans une finale avec cavalier et pion supplémentaire contre fou. ¡bien hecho! 


Les blancs viennent de jouer f3. Après une ouverture passive Vruno trouve la pointe Fc5!, reprenant une initiative qu'il ne lâchera plus jusqu'au gain.

Prenez le temps de savourer les deux diagrammes : nous ne le savions pas encore, mais ces deux points seront malheureusement les deux seuls marqués du week-end ...

Le retournement de situation ne dura en effet qu'un moment. L'attaque de Pilou n'aboutit pas et alors qu'on lui demande de chercher un gain, celui-ci évite les variantes d'échange et se retrouve à défendre comme il peut une position avec deux puis trois pions de moins. Il cède finalement malgré des tentatives fourbes et désespérées dont il a le secret. Après avoir laissé passer l'orage, Cécile HAUSSERNOT rend la pièce dans de bonnes conditions. La finale à double-tranchant ne sourit pas à Steinle qui s'incline. Stol, ramant depuis des heures, arrive à sauver une nulle relativement improbable. Plantant son roi au milieu de l'échiquier et décrivant des circonvolutions baroques avec son cavalier (il me semble l'avoir vu passer en f1 ...), il arrive à tenir en respect les noirs malgré leur fou agile et leur pion de plus. Résultat des courses : une défaite 5 - 2 dans un match qui avait pourtant bien débuté.

Pour la deuxième ronde, Bébé Yousef et Maxime remplacent Pilou et Vruno, ces derniers se consolant en blitzant à l'infini. Cette rencontre sera assez largement passée sous silence, le maigre talent de votre humble serviteur pour entretenir le suspense ayant ses limites. Metz gratifie le Canal d'un cinglant 5 - 0, Marianne, Maxime et Stol étant les seuls rescapés du champ de bataille.

Esprit Canal

Dans ces conditions, le capitaine sonne la retraite et les remplaçants improvisent un stand de sandwitches pour remonter un moral durement atteint. Les sourires ne disparaissent pas pour autant !



Rentrés " broucouilles " de ce week-end par ailleurs extrêmement réussi sur le plan extra-échiquéen, les fiers larrons de l'équipe 1 se sont donnés rendez-vous pour la prochaine ronde qui déjà sera cruciale pour le maintien en N1.

      La Serrure

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