16/10/2012

Marc le Girondin retrace les 2 premières rondes de N2


Bonjour tout le monde !

Après un premier week-end de Nationale 2, voici le temps du premier bilan. Et autant dire que ça n'a pas été brillant. Dur dur, les débuts du Canal.

Ronde 1 - Voyage au bout de la pluie

Samedi 13 (à ce sujet j'ai un doute, m'étonnerait pas que ça ait plutôt été un vendredi masqué), baptême du club en N2.

Comme dit ma collègue de bureau, il tombe des ours à Paris, mais c'est le coeur vaillant et plein d'entrain que nous nous retrouvons pour partir à Melun. Un mail bien ficelé, des itinéraires tout tracés, et nous voilà... dispatchés aux deux coins de Paris à 1h15 du début de la ronde. Eh oui, notre bon capitaine, bien qu'ayant rédigé le mail de rassemblement qui permet à tous de se retrouver, s'emmêle les bretelles et se trompe de porte. Pas de numéro de porte, hein, trop facile, mais de porte de Paris. Champerret vs Bagnolet. Ca finit pareil, mais il nous (oui j'ai aussi une petite part de responsabilité, j'ai écouté notre bon capitaine la veille au soir entre deux picons. Erreur de débutant) faut quand même 35min afin de rejoindre tout ce petit monde et les 2 voitures qui doivent nous transporter vers la victoire.

Pas grave, on sera favoris, et puis c'est pas quelques minutes de retard qui nous ferons perdre. Prudent, Cap'taine Vince avait quand même prévu 25min de battement. Bon, 25min de bouchons dans Paris plus tard, on commence pourtant à s'inquiéter. D'autant que la pluie (mais peut-on parler de pluie quand une planche à voile aurait été plus à propos ?) ne nous rend pas la tâche facile sur l'autoroute. Dans la voiture, c'est bibi qui conduit, Nahid en co-pilote qui double avec brio les indications du GPS, et derrière Mike et Pilou qui dissertent nonchalamment sur la nécessité impérieuse de dériver des intégrales différentielles en univers fini pour créer un modèle macro-économique prospectif efficace. Je tente de m'insérer sporadiquement dans la conversation, mais reste concentré sur la route tant l'aqua-planning nous guette malgré une vitesse de pointe de 75 km/h pied au plancher (90 en descente). Dans la voiture 2, cap'taine Vince, Manouk, Maxime et Alban tentent de suivre notre rythme effréné.

1h de route et 863 litres d'eau essuie-glacés plus tard, nous voilà arrivés à l'église de l'Immaculée conception. Pour un baptême... Enfin plus précisément à la Maison Jean XXIII, qui jouxte ce lieu saint. Amen. Bon allez une génuflexion et au boulot, nos adversaires ont déjà appuyé sur la pendule depuis 20min (faut dire qu'on est arrivé à 14h45 de mémoire), s'agirait pas de s'endormir.

Tout démarre tranquillement, beaucoup d'entre nous sont dans leur jardin. Une Tchigo pour Mike, un début de Londres (ouais enfin d4 Ff4 Cf3 etc...) pour Manouk, une sicilienne pour moi, 1.a3 pour Maxime, une philidor pour Vince et Alban. Nahid joue une est-indienne avec les blancs. Quant à PL, son adversaire sort de la théorie au 4e coup avec un f6 bien maladroit. Le temps n'a pas l'air d'avoir un impact trop important, puisque nombre d'entre nous reviennent à la marque, voire passent devant. Seuls Mike et moi souffrirons d'un méchant zeit not.

Les résultats (presque) dans l'ordre :

Prince Manouk  (gain) :
Avec les blancs dans son ouverture fétiche, rien ne semble pouvoir le perturber. La pluie, le retard, le élo de son adversaire, les résultats de l'équipe... Tel un coucou suisse, il pousse lentement tous ses pions et attend que le temps fasse son oeuvre. En fait on dirait Zizou dans la pub Vittel (avé l'accent) : "c'est d'abord le fou en f4, toujours. Cf3, Fe2. Puis le petit roque. Et puis on déroule, toujours.". Parfois je me demande si ça sert à quelque chose qu'il se déplace. Il pourrait nous donner ses coups à l'avance, on jouerait les 20 premiers coups pour lui, et il arriverait, sur son cheval blanc, asséner le coup fatal sur l'aile dame noire. Avec un plan qu'on voit arriver à des kilomètres à la ronde, il viendrait ainsi comme le Commandeur qui annonce l'inéluctable face à un adversaire soulagé que cette lente agonie prenne fin.

Le Girondin  (bulle) :
Avec les noirs, je joue une sicilienne. Je me souviens de la bonne ligne, puis décide de pêcher en eaux troubles. Un coup plus simple mentionné plus tard par Mike permet d'obtenir l'égalité, mais je pensais pouvoir obtenir mieux en jouant précis. Mal m'en a pris. Déjà que je ne joue pas très vite, le zeitnot (si on peut parler de zeitnot quand on a 2 min au 17e coup) sera fatal. De +0.00 au 22e coup, ma position passe à -4 au 24e. Blunder logique qui vient récompenser cette (très) mauvaise gestion du temps.

Alban  (nulle) :
La première philidor de la journée. Manque de panache de son adversaire ou bonne exploitation de ses imprécisions, Alban se retrouve mieux avec son bon fou noir (rendre le fou noir bon dans une philidor, on peut déjà parler d'exploit). Et puis c'est le temps des imprécisions, des hallucinations et des changements d'évaluation. La position passera de nulle à perdue, puis re-nulle... Alban s'en sort finalement avec un perpétuel. Il est logiquement déçu, et son adversaire logiquement content.

Maximus  (bulle) :
Maxime a la lourde tâche d'affronter le petit prodige local. Il opte donc pour son ouverture surprise 1.a3 ! (non j'plaisante, il jouerait ça contre n'importe qui). Malgré cette esbrouffe, son jeune adversaire ne s'en laisse pas compter, et se développe façon Botvinnik dans cette anglaise avec ce qu'il faut bien appeler un temps de moins pour les blancs... Un joli pseudo-sacrifice plus tard, Maxime doit choisir entre perdre un pion ou la dame. Evidemment il file la dame, au Canal on a des c*** au c*** comme dirait l'autre. Malgré tout rien n'y fera, et Maxime s'incline. Dur !

Pilou  (gain) :
Pierre-Louis a les blancs contre un adversaire fantasque. Mais son adversaire ne sait pas à qui il se frotte. Les sournoiseries sont un jeu auquel Pilou finit toujours par sournoiser le dernier. Après une ouverture que la décence m'impose de qualifier de moisie, les noirs se retrouvent non seulement encore moins développés que l'économie de marché en Corée du Nord, mais avec une aile dame en lambeaux, des faiblesses sur à peu près toutes les cases et un roi au centre. Alors PL tourne, tourne, optimise le placement de ses pièces... Et là, alors que tout est prêt pour l'assaut final, rien. Dépité de n'avoir pu trouver la vérité sur l'échiquier, il se décidera à sacrifier salement du matériel pour... voir son adversaire craquer 2 coups plus tard. Et Manouk de conclure : "Je crois que tu viens de découvrir une vérité aux échecs".

Vince  (bulle) :
Le crève-coeur du jour. Dans une philidor dont il connaît tous les coins et recoins, le cap'taine se retrouve dans une position légèrement avantageuse. Gros avantage au temps, la position devrait gagner toute seule. Action-réaction, son adversaire ne crée rien et défend. Oui mais voilà, compte tenu de l'évolution du match, Vince sait qu'il doit absolument gagner. Encerclé par les badauds qui scrutent cette table au résultat décisif, il décide d'envoyer du poney. Malheureusement le poney n'arrivera pas à bon port et se fait salement faucher les pattes arrières en plein vol. A peine la tour a-t-elle quitté la colonne f que la dame blanche, qui n'a rien fait de la partie, atterrit miraculeusement en f7 à 2 coups du mat. Dure défaite, qui doit probablement son issue funeste au contexte du match par équipe tant on ne voyait pas comment les noirs pouvaient perdre le fil.

Mike  (nulle) :
Auréolé de son parcours de toute beauuuuté cette été, Mike vient renforcer l'équipe 1 après avoir porté l'équipe 2 vers le succès en N3 l'an dernier. Première partie et première tchigo de la saison pour lui. Une ligne peu fréquente (voire confidentielle, étant donné la rareté de la tchigo) où les blancs garderont sans cesse une légère initiative grâce à leur avantage d'espace. Mike tient bon, et maintient le suspense du résultat final du match. Tout à coup, son cavalier bondit en c4 et, comme par miracle, la position s'applanit complètement. Vince a malheureusement déjà perdu et le match ne peut plus être sauvé. La nulle est conclue.

Nahid  (bulle) :
Nahid nous a prêté main forte ce week-end, et a fièrement mouillé le maillot. Dans une est-indienne très agressive de la part des noirs, elle ferme les yeux, fait le dos rond, et se réveille avec 2 pièces pour tour et 2 pions. Un échange intéressant, et une position équilibrée. Malheureusement son approche est trop passive et les noirs se regroupent au mieux. Son adversaire mettra tant de temps à trouver un plan gagnant qu'on se mettra à rêver à un retournement de situation inespéré mais la position blanche est trop resserrée. Nahid s'incline après avoir bien resisté face à une forte adversaire (1895).

C'est donc sur le score de 5-3 que nous nous inclinons face au FC Crackers Melun. Le retour ne sera pas non plus de tout repos, le ciel ayant décidé de nous pourrir complètement le week-end. Une petite soirée au club pour les plus téméraires, et rendez-vous le lendemain pour affronter BNP chez eux. Enfin chez moi. Enfin j'me comprends.


Ronde 2 - Le retour des Lapins Crétins 



Dimanche 14, on se rejoint directement au club de la BNP. Les joueurs tentent de garder le sourire malgré la terrible nouvelle. Non ce n'est pas la défaite de la veille qui pèse sur nos âmes meurtries, mais l'état de santé de Chouquette. Le matin-même, Alban appelle Vincent. Il doit emmener Chouquette (son lapin) chez le médecin et ne pourra pas jouer. Vince, qui devait rester au repos, le remplace au pied levé. Avant le début de la ronde, Mike appelle Alban et lui annonce solennellement que, tous, nous dédions ce match à Chouquette, quelle qu'en soit l'issue. Autant dire qu'on en a gros sur la carotte au moment d'enclencher les pendules.
Du côté de BNP, peu de surprises dans la compo, seuls Manouk et moi sommes clairement favoris.

En hommage à Chouquette, vous trouverez ci-dessous un petit clin d'oeil rappelant soit le style de jeu, soit la personalité, soit le physique... A chacun d'y lire ce qu'il voudra... Ou pas.

Nahid - alias Bugs Bunny  (gain) :


Nahid n'est pas venue faire de la figuration aujourd'hui. Elle lâche les poneys dès l'ouverture et roule littéralement sur son adversaire. Une pièce pour 4 pions, puis elle gagne une qualité, puis les pions terminent le travail. Il a même fallu l'arrêter sinon elle aurait continué d'encaisser le matériel adverse jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien sur l'échiquier. Une victoire expéditive qui fait toujours du bien, et qui laisse un peu de marge de manoeuvre aux autres.

Cap'taine Vince - alias Coco lapin  (bulle) :


Aaah, il l'aime sa philidor. Vous en voulez encore ? Ouaaaaaaaais ! J'entends pas vous en voulez encore ? Ouaaaaaaais ! OK F*f7, Dc4, De6... Aie, aie, pas la tête ! Notre pauvre capitaine ayant subi une grave avarie sur son ouverture fétiche est malheureusement indisponible actuellement. Nous mettons tout en oeuvre afin de rétablir rapidement sa confiance en lui. Pour plus d'informations, rejoignez-nous vendredi prochain au Canal afin de faire le point sur sa reconversion vers une ouverture plus solide ou un sport plus calme. Par avance merci.
Cap'taine Vince aura tenu le cap le temps de voir l'évolution du match, mais dans une finale sans grand espoir il finira par capituler face à l'ennemi.
Léo, si tu nous écoutes... On se vengera :)

Mike - alias le géant des Flandres  (bulle) :


2e partie, 2e tchigo pour Mike. Tout le monde se développe dans son coin, bien rangé derrière sa chaîne de pions, quand tout à coup, BOUM ! T*g7 +. Déjà quand on s'y attend ça fait mal, mais alors quand on s'y attend pas... Notre valeureux soldat tentera de s'en sortir en entamant une valse des poneys à l'aile dame, puis en lançant une attaque de minorité à roi contre pions, mais rien n'y fera. Hélas, son adversaire échappe même de peu à une défaite qui aurait tout eu du hold-up parfait en éliminant la dernière menace noire.

Alexander - alias le lapin russe  (gain) :


Alexander nous a sorti une partie dont lui seul a le secret. Une ouverture toute en énergie, sacrifiant un pion pour affaiblir les cases noires adverses, et obtenir une belle initiative. Dans la finale, des réminiscences d'école russe lui permettent de convertir avec autorité son petit avantage d'un pion. Toujours aussi accrocheur et en quête d'initiative, Alexander lance bien sa saison. Manquerait plus qu'il arrive à l'heure aux rendez-vous, mais bon, dans un sens, faut dire que ça nous inquièterait un peu...

Maxime - alias le lapin à tête de lion  (bulle) :


L'homme a la crinière s'est assagi. En bon roi des savanes de la Beauce, notre lapin à tête de lion a remisé au placard ses ouvertures énigmatiques pour rentrer dans les dédales de la rossolimo. Dans un style très pur, les deux adversaires placent tous les thèmes de l'ouverture. Du cavalier lentement recyclé en d4 aux coups de bélier en b4, suivi par la pression sur la colonne f contre-carrée par l'affaiblissement de l'aile dame noire. A ce petit jeu, ce sont les blancs qui s'en sortent le mieux. Il ne reste plus assez de matériel aux noirs pour magouiller, et Maxime doit capituler. C'est pas comme ça qu'on va le convaincre de jouer la théorie le Maxime...

Manouk - alias le Bélier français  (gain) :


Alors là mes amis, alors là... C'est Chouquette qui va être contente. Car s'il y en a un qui a poussé la logique jusqu'au bout, c'est bien lui. En bon bélier français, Manouk a d'abord allongé l'oreille gauche avec un petit fou en g7. Ensuite, il a tiré la droite avec un petit fou en b7. Bien compact dans son terrier, il a fini par sortir le bout du museau aux alentours du 87e coup en "franchissant l'équateur" (dixit Maxime), comprendre en atteignant la 5e rangée (avec les noirs sinon c'est pas drôle). Et là, comme par enchantement, le coup du Commandeur. Son adversaire, irrémédiablement, perd un pion. On ne comprend pas pourquoi, ni comment, avec ses pièces rangées façon random Chess, il parvient à gagner du matériel. Mais le résultat est là. N'écoutant que son courage, et avec une pensée émue pour Chouquette restée alitée, Manouk convertit patiemment son petit pion de plus, qui devient une pièce, puis gagne la partie.
Cette victoire, c'est pour toi, Chouquette.

Pilou - alias Roger rabbit  (bulle) :


Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas vu Pilou se faire tactifier. C'est chose faite. Après une ouverture étrange de la part des noirs, on finit par retomber dans une française plutôt bonne pour les noirs. Alors qu'il commence à perdre pieds et pions dans la bataille, Pilou joue son va-tout. Petit coup de coude, et voilà la piste de danse noyée dans le café. Il tente alors de remettre quelques pions perdus sur l'échiquier, mais son adversaire veille au grain et il doit reprendre la partie en l'état après nettoyage à sec. Il jouera jusqu'au bout une finale très inférieure, espérant un miracle dans la finale de fous de couleurs opposées. Hélas, même en sacrifiant le fou contre les deux pions liés, le dernier pion adverse (colonne a) est de la même couleur que le fou des noirs. Aucun espoir donc, et Pilou dépose les armes.

Le girondin - alias Lapin Malin  (nulle)


Une fois n'est pas coutume, j'ai sacrifié un pion ce dimanche. Certes c'est théorique, mais quand même. Si vous ajoutez à ça une tour sur la colonne g semi ouverte braquée sur le roque adverse, une batterie Dc2-Fd3, un fou en c3 qui lorgne sur le roque et un cavalier en d4, vous comprendrez comme moi qu'il est difficile de ne pas trouver la faille. Eh bien si, je l'ai fait. Je n'ai rien extirpé de cette position prometteuse. Pire, je me retrouve dans une finale horrible, qui me promet des lendemains sombres. C'est alors que je me rappelle qu'on ne joue pas que pour nous aujourd'hui, et que, de loin, Chouquette nous regarde. Je me mets donc en mode Lapin malin, et, avec la collaboration aimable de mon adversaire, me mets à grapiller des petits plus dans la position. Parti d'une finale avec mauvais fou et pion de moins, je me retrouve miraculeusement en finale de tours et 2 pions passés liés. Malheureusement, tout cela eut un coût, et mon roi s'est retrouvé collé à la bande, à mi-chemin entre un mat de l’escalier et un perpet de raccroc. Ne perdant pas espoir, je tente de manœuvrer comme un serpent dans sa boîte, mais mon adversaire trouve une simplification. Pas désemparé, je continue de jouer pour le gain dans une finale T+3p contre T+3p. Pas facile, mais il y a des pièges. On passe à T+2p. J'y crois encore. Par effet d'inertie, je continuerai jusqu'à T+pion h contre tour mais doit me résoudre à la nulle, synonyme de défaite de l'équipe.

Nous perdons donc ce match par 4 à 3, avec beaucoup de regrets tant il y avait la place pour une victoire aujourd'hui. Cela retarde d'autant nos premiers points en N2, mais nous ne les célèbrerons que plus.

A bientôt pour de nouvelles aventures.

Et vive Chouquette, on espère que toi et ton maître allez bien ;).

5 commentaires :

Captain Beefheart a dit…

"Allongez l'oreille gauche avec un petit Fou en g7" : un régal !

Anonyme a dit…

Dommage que Vince n'ait pas aligné son sourire ultrabrite qui aurait affolé n'importe quel(le) adversaire !

Anonyme a dit…

C' est Bilbo, pas Chouquette !
Et il va mieux, en effet, je file le récupérer à la clinique.

Nahid a dit…

Merci Marc pour ce rendre compte plus que parfait :-)

Anonyme a dit…

Bilbo ! Ouais j'ai un peu dévié sur le nom j'avoue... Bon tant mieux s'il a récupéré, c'est fragile ces petites bêtes ! En tout cas sache qu'il etait au coeur des conversations et des preoccupations pendant le match :D

Merci Nahid ;)

Le girondin