28/12/2014

Noyade à Noyon

Une fois de plus, les exilés du canal n’ont pas répondu à l’appel désespéré de leur capitaine.
Une fois de plus, nous nous sommes présentés avec une équipe amoindrie face à de redoutables  - et je n’utilise pas ce mot à la légère - adversaires.
Une fois de plus, nous avons été admirables dans le combat et brillants dans le jeu.
Une fois de plus, nous sommes tombés contre plus fort.
Une fois de plus, nous avons été beaux dans la défaite.
C’est sur cette superbe anaphore, quasi présidentielle, que débute l’incroyable épopée du Canal à Noyon.
Notre fière équipe (du moins son noyon dur) est partie la fleur au fusil ce doux matin de décembre. 
Je me rappelle encore du sourire de Bébé Youssef avant le départ, de Marcus hilare en nous faisant découvrir la défense Malinoise, de Ti' Bo écoutant du Françoise Hardy à tue-tête... le doux temps de l’innocence, en somme !


MATCH 1 : C’est l’histoire d’un chaton qui rencontre un pitbull affamé…

Canal – St Quentin
Le chaton, c’est nous : 2070 Elo de moyenne, une modeste équipe très douce.
Le pitbull, c’est St Quentin : pas moins de 6 titrés et 2350 Elo de moyenne.
Le match commence...
Marc débite savamment la théorie pendant douze coups et vient me rapporter qu’il est plutôt serein, il m’annonce qu’il vient de jouer un coup sans trop réfléchir mais qui correspond bien à l’esprit de l’ouverture.
3 étoiles sur Europe-Echecs une seule sur New in chess
La sanction ne se fait pas attendre, un pseudo sacrifice et trois coups plus tard, il signe sa feuille de jeu. Une larme commence à perler à son œil, il vient de se rendre compte qu’il a passé plus de temps sur le trajet qu’à perdre sa partie, mais le Capitaine est là, « c’est pas grave mon loulou, demain je le sais, tu seras au top », la larme disparaît et laisse place à une lueur d’espoir.
Toi lecteur pervers qui te complais à savourer la défaîte d’un canaliste, je ne te ferai pas ce plaisir une seconde fois. Tu ne sauras donc rien du savoureux calvaire de Marianne, du divin supplice de Youssef dans une partie pourtant à sa portée, de la défense héroïque mais pas suffisante de Maxime et de la méchante fessée prise par Mike. 
En effet, je ne vais plus m’attarder sur les sauvages coups de mâchoires assené par le molosse sur les fragiles membres du petit chat, mais plutôt sur les trois coups de griffes que celui-ci a réussi à porter avant de mourir dans d’atroces souffrances.
Au sortir d’une ouverture des plus courageuses (Française de l’échange), El Solapado se retrouve dans une belle position face à la Championne de France 2001 Maria Leconte. Voulant forcer le destin, il tente une solapade psychologique en proposant nulle, il espère que son adversaire mieux classée se vexe et cherche à forcer le gain dans une position inférieure. Erreur, la nulle est conclue illico.
Passons à la partie du capitaine, ma partie. Pas préparé du tout, je fais face à une défense sicilienne, ni une ni deux je décide de surprendre mon adversaire par 2. Ca3 !
Mon adversaire, me répond tranquillement 2… b6 ! 
Damned ! N’ayant jamais joué cette ouverture, je consacre 20 minutes sur mon troisième coup. L’ouverture se passe bien et le MI qui me fait face choisit de sacrifier une qualité pour complexifier la position. 
Suite à une imprécision de sa part, je prends un petit avantage durable. Vingt coups plus tard, mon talent personnel et ma compréhension du jeu inégalable ont parlé : je me retrouve à -2 dans une position infâme. 
Probablement impressionné par ma pugnacité, mon adversaire rate le coche et laisse ma dame s’introduire dans sa position : la nulle est signée.
Suite à cette partie, de nombreux tops GM ont décidé de s'entraîner avec moi.
En arrière plan et en jogging Vladimir K. et Fabio C.
Si la plupart de mes coéquipiers n’avaient pas déjà perdu à ce stade, ce résultat aurait probablement été l’électrochoc qui nous aurait permis de gagner le match.
Finissons donc par Bébé Ti' Bo, qui, galvanisé par la nulle de son capitaine, tente le tout pour le tout contre François Godart (2370). 
Suite à une partie d’attaque de toute beauté caractérisée par une double batterie Dame-Tour sur g puis sur f, Ti' Bo rentre dans une finale R + C avec un pion de plus. 
Seul le talent de son adversaire prive notre ancien espoir belfortin d’une victoire méritée, le cavalier venant se sacrifier sur son dernier pion.
Au final, défaite 5-0. Score fort honorable.

MATCH 2 : quand ça veut pas, ça veut pas !
La physionomie du match est la suivante : sur les 5 premiers échiquiers, nous accusons 200-300 points de retard, sur les deux suivants, nous sommes très légèrement devant et au féminin nous sommes ultra favoris.
La stratégie du capitaine est simple et géniale à la fois, on met les buteurs derrière et on fait croire aux autres qu’ils ont toutes leurs chances.
Au bout d’une heure et demie de jeu, le stratagème marche à merveille.
Suite à une ouverture brillante, Marianne obtient la victoire sur une enfilade de dame après avoir laissé à sa cliente du jour une bonne vingtaine de possibilités de revenir dans la partie. Une victoire moche certes, mais c’est notre 5e victoire en 5 match : tout un symbole « On n'est pas des clients » !
Au 6e, Pilou qui me remplace au pied levé, joue sa pet-line provocatrice et profite d’une bévue assez grossière de son adversaire pour gagner une pièce puis la partie. Une victoire simple propre et efficace fruit d’un coaching hors norme.
Au 7e Vruno face à un opposant en crise de temps, prend la mesure de la position et l’étouffe peu à peu. Juste une question de temps.
Au 5,4 et 3, c’est fessier serré que Ti' Bo et Youssef et Maxime résistent. J’espère au moins un ½ points de ces trois-là.
Au 2nd Marc revit, probablement suite à ma remarque d’hier, il a placé cette fois-ci 21 coups de théorie et son adversaire sue à grosses gouttes. Fait incroyable, il gère bien son temps.
Au 1er, l’œillade bovine de Mike est sans appel, le gosse s’est fait ouvrir le centre et une pièce est portée manquante… la défaite est inévitable.
Un joueur anonyme à l'analyse
Zeitnot
Aïe ! Au 7, dans une position plus qu’écrasante, Vruno se rate méchamment mais l’espoir persiste.
Aux échiquiers 3,4 et 5, le massage positionnel de Ti' Bo se termine en désossage, Youssef découvre que le pion f peut aussi faire dame, et Maxime après avoir tout tenté n’a plus que ses yeux pour pleurer. Nous ne jouons plus que pour la nulle.
A quelques centaines de mètres de là et comme l’a ordonné leur capitaine préféré, Michaël, Marianne et Pilou font la découverte de la cathédrale Notre-Dame de Noyon chef d’oeuvre gothique du XIIe siècle. Au niveau du transept, ils s’allongent en croix, face contre le sol, et supplient le Seigneur de nous accorder la nulle. Peine perdue.

Au second, l’avantage de Marc s’amenuise, la nulle est conclue, le match est perdu.
Bruno, inconsolable, cherchera pendant 20 coups le gain dans une position absolument nulle.
4-2 la messe est dite.
A la recherche d’un coupable, nous abandonnons Youssef et ses 40 kilos de bagages sur place alors qu’il espérait se faire conduire à l’aéroport CDG. N’ayant pas nouvelles de sa part, j’espère qu’il va bien et qu’il rejouera bientôt avec nous.
Le Capitaine

1 commentaire :

Anonyme a dit…

quel coup simple Marc a t-il joué avant le pseudo sacrifesse ?
peut on en savoir plus Ö Ultrabryte ?