Une fois de plus, les
exilés du canal n’ont pas répondu à l’appel désespéré de
leur capitaine.
Une fois de plus,
nous nous sommes présentés avec une équipe amoindrie face à de
redoutables - et je n’utilise pas ce mot à la légère -
adversaires.
Une fois de plus,
nous avons été admirables dans le combat et brillants dans le jeu.
Une fois de plus,
nous sommes tombés contre plus fort.
Une fois de plus,
nous avons été beaux dans la défaite.
C’est sur cette
superbe anaphore, quasi présidentielle, que débute l’incroyable
épopée du Canal à Noyon.
Notre fière équipe
(du moins son noyon dur) est partie la fleur au fusil ce doux matin
de décembre. Je me rappelle encore du sourire de Bébé Youssef avant le départ, de Marcus hilare en nous faisant découvrir la défense Malinoise, de Ti' Bo écoutant du Françoise Hardy à tue-tête... le doux temps de l’innocence, en somme !
MATCH 1 : C’est
l’histoire d’un chaton qui rencontre un pitbull affamé…
Canal – St Quentin
Le chaton, c’est
nous : 2070 Elo de moyenne, une modeste équipe très douce.
Le pitbull, c’est
St Quentin : pas moins de 6 titrés et 2350 Elo de moyenne.
Le match commence...
Marc débite
savamment la théorie pendant douze coups et vient me rapporter qu’il
est plutôt serein, il m’annonce qu’il vient de jouer un coup
sans trop réfléchir mais qui correspond bien à l’esprit de
l’ouverture.
3 étoiles sur
Europe-Echecs une seule sur New in chess
La sanction ne se
fait pas attendre, un pseudo sacrifice et trois coups plus tard, il
signe sa feuille de jeu. Une larme commence à perler à son œil,
il vient de se rendre compte qu’il a passé plus de temps sur le
trajet qu’à perdre sa partie, mais le Capitaine est là, « c’est
pas grave mon loulou, demain je le sais, tu seras au top », la
larme disparaît et laisse place à une lueur d’espoir.
Toi lecteur pervers
qui te complais à savourer la défaîte d’un canaliste, je ne te
ferai pas ce plaisir une seconde fois. Tu ne sauras donc rien du
savoureux calvaire de Marianne, du divin supplice de Youssef dans une
partie pourtant à sa portée, de la défense héroïque mais pas
suffisante de Maxime et de la méchante fessée prise par Mike.
En effet, je ne vais plus m’attarder sur les sauvages coups de mâchoires assené par le molosse sur les fragiles membres du petit chat, mais plutôt sur les trois coups de griffes que celui-ci a réussi à porter avant de mourir dans d’atroces souffrances.
En effet, je ne vais plus m’attarder sur les sauvages coups de mâchoires assené par le molosse sur les fragiles membres du petit chat, mais plutôt sur les trois coups de griffes que celui-ci a réussi à porter avant de mourir dans d’atroces souffrances.
Au sortir d’une
ouverture des plus courageuses (Française de l’échange), El
Solapado se retrouve dans une belle position face à la Championne de
France 2001 Maria Leconte. Voulant forcer le destin, il tente une
solapade psychologique en proposant nulle, il espère que son
adversaire mieux classée se vexe et cherche à forcer le gain dans
une position inférieure. Erreur, la nulle est conclue illico.
Passons à la partie
du capitaine, ma partie. Pas préparé du tout, je fais face à une
défense sicilienne, ni une ni deux je décide de surprendre mon
adversaire par 2. Ca3 !
Mon adversaire, me répond tranquillement 2… b6 !
Damned ! N’ayant jamais joué cette ouverture, je consacre 20 minutes sur mon troisième coup. L’ouverture se passe bien et le MI qui me fait face choisit de sacrifier une qualité pour complexifier la position.
Suite à une imprécision de sa part, je prends un petit avantage durable. Vingt coups plus tard, mon talent personnel et ma compréhension du jeu inégalable ont parlé : je me retrouve à -2 dans une position infâme.
Probablement impressionné par ma pugnacité, mon adversaire rate le coche et laisse ma dame s’introduire dans sa position : la nulle est signée.
Mon adversaire, me répond tranquillement 2… b6 !
Damned ! N’ayant jamais joué cette ouverture, je consacre 20 minutes sur mon troisième coup. L’ouverture se passe bien et le MI qui me fait face choisit de sacrifier une qualité pour complexifier la position.
Suite à une imprécision de sa part, je prends un petit avantage durable. Vingt coups plus tard, mon talent personnel et ma compréhension du jeu inégalable ont parlé : je me retrouve à -2 dans une position infâme.
Probablement impressionné par ma pugnacité, mon adversaire rate le coche et laisse ma dame s’introduire dans sa position : la nulle est signée.
Suite à cette
partie, de nombreux tops GM ont décidé de s'entraîner avec moi.
En arrière plan
et en jogging Vladimir K. et Fabio C.
Si la plupart de mes
coéquipiers n’avaient pas déjà perdu à ce stade, ce résultat
aurait probablement été l’électrochoc qui nous aurait permis de
gagner le match.
Finissons donc par
Bébé Ti' Bo, qui, galvanisé par la nulle de son capitaine, tente le
tout pour le tout contre François Godart (2370).
Suite à une partie d’attaque de toute beauté caractérisée par une double batterie Dame-Tour sur g puis sur f, Ti' Bo rentre dans une finale R + C avec un pion de plus.
Seul le talent de son adversaire prive notre ancien espoir belfortin d’une victoire méritée, le cavalier venant se sacrifier sur son dernier pion.
Suite à une partie d’attaque de toute beauté caractérisée par une double batterie Dame-Tour sur g puis sur f, Ti' Bo rentre dans une finale R + C avec un pion de plus.
Seul le talent de son adversaire prive notre ancien espoir belfortin d’une victoire méritée, le cavalier venant se sacrifier sur son dernier pion.
Au final, défaite
5-0. Score fort honorable.
MATCH 2 : quand
ça veut pas, ça veut pas !
La physionomie du
match est la suivante : sur les 5 premiers échiquiers, nous
accusons 200-300 points de retard, sur les deux suivants, nous sommes
très légèrement devant et au féminin nous sommes ultra favoris.
La stratégie du
capitaine est simple et géniale à la fois, on met les buteurs
derrière et on fait croire aux autres qu’ils ont toutes leurs
chances.
Au bout d’une
heure et demie de jeu, le stratagème marche à merveille.
Suite à une
ouverture brillante, Marianne obtient la victoire sur une enfilade de
dame après avoir laissé à sa cliente du jour une bonne vingtaine
de possibilités de revenir dans la partie. Une victoire moche certes,
mais c’est notre 5e victoire en 5 match : tout
un symbole « On n'est pas des clients » !
Au 6e,
Pilou qui me remplace au pied levé, joue sa pet-line provocatrice et
profite d’une bévue assez grossière de son adversaire pour gagner
une pièce puis la partie. Une victoire simple propre et efficace
fruit d’un coaching hors norme.
Au 7e
Vruno face à un opposant en crise de temps, prend la mesure de la
position et l’étouffe peu à peu. Juste une question de temps.
Au 5,4 et 3, c’est
fessier serré que Ti' Bo et Youssef et Maxime résistent. J’espère
au moins un ½ points de ces trois-là.
Au 2nd
Marc revit, probablement suite à ma remarque d’hier, il a placé
cette fois-ci 21 coups de théorie et son adversaire sue à grosses
gouttes. Fait incroyable, il gère bien son temps.
Au 1er,
l’œillade bovine de Mike est sans appel, le gosse s’est fait
ouvrir le centre et une pièce est portée manquante… la défaite
est inévitable.
Un joueur anonyme
à l'analyse
Zeitnot
Aïe ! Au 7,
dans une position plus qu’écrasante, Vruno se rate méchamment mais
l’espoir persiste.
Aux échiquiers 3,4 et 5, le massage
positionnel de Ti' Bo se termine en désossage, Youssef découvre que
le pion f peut aussi faire dame, et Maxime après avoir tout tenté
n’a plus que ses yeux pour pleurer. Nous ne jouons plus que pour la
nulle.
A quelques centaines
de mètres de là et comme l’a ordonné leur capitaine préféré,
Michaël, Marianne et Pilou font la découverte de la cathédrale
Notre-Dame de Noyon chef d’oeuvre gothique du XIIe
siècle. Au niveau du transept, ils s’allongent en croix, face
contre le sol, et supplient le Seigneur de nous accorder la nulle.
Peine perdue.
Au second,
l’avantage de Marc s’amenuise, la nulle est conclue, le match est
perdu.
Bruno, inconsolable,
cherchera pendant 20 coups le gain dans une position absolument
nulle.
4-2 la messe est
dite.
A la recherche d’un
coupable, nous abandonnons Youssef et ses 40 kilos de bagages sur
place alors qu’il espérait se faire conduire à l’aéroport CDG.
N’ayant pas nouvelles de sa part, j’espère qu’il va bien et
qu’il rejouera bientôt avec nous.
Le Capitaine